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Quand un diplomate français fait flamber l’euro

C'est au milieu des discussions informelles au cours du G7 d'Elmau qu'aurait été prononcée une petite phrase de Barack Obama sur les dangers du "Dollar fort", provoquant des remous sur le marché des changes.

C'est au milieu des discussions informelles au cours du G7 d'Elmau qu'aurait été prononcée une petite phrase de Barack Obama sur les dangers du "Dollar fort", provoquant des remous sur le marché des changes. - Michael Kappeler - Pool - AFP

Grosse colère de la présidence américaine au G7, après des déclarations anonymes faites à plusieurs organes de presse, concernant des propos que Barack Obama aurait tenu concernant le niveau du dollar. Une bourde de communication spectaculaire, qui a eu de grosses conséquences sur les marchés.

"Je n’ai jamais dit ça, d’ailleurs je me fais un devoir de ne jamais commenter les fluctuations des devises, et à plus forte raison quand il s’agit du dollar" a déclaré un peu énervé le 8 juin Barack Obama au G7. Une clarification qui intervenait après un premier démenti de la Maison Blanche un peu plus tôt dans la journée.

Le Président américain venait de se rendre compte que le dollar était en train de tomber comme une pierre, après des dépêches d’agence, dont la très réputée Bloomberg, qui rapportaient les déclarations d’une "source diplomatique française anonyme", témoin de discussions informelles dans le cadre du G7 d’Elmau hier.

Spéculations de marché

"Barack Obama s’inquiète notamment de la force actuelle du dollar, qui constitue un problème". Immédiatement la citation est reprise par plusieurs agences, explose sur les réseaux sociaux, et l’euro-dollar grimpe d’un coup jusqu’à 1,13-1,45, alors que 24 heures avant, on était du côté de 1,11-1,12.

Une forte hausse en peu de temps, qui a même perduré jusqu’à tôt ce matin, preuve que les marchés sont allés dans le sens des déclarations, à savoir que les Etats-Unis allaient peut-être adopter un ton économique général de nature à calmer la hausse actuelle du dollar.

Stratégie de sortie

D’où la colère des responsables américains eux-mêmes, et le démenti ferme de Barack Obama, qui ne souhaite pas compliquer un peu plus la tâche aux institutions monétaires du pays pour piloter une politique complexe.

Il s’agit de sortir l’économie américaine d’une longue période de perfusion et d’aides, tenir compte d’une tendance à l’amélioration constante, mais émaillée d’indicateurs plutôt inégaux, le tout avec une monnaie qui doit logiquement s’apprécier, mais pas trop, afin de ne pas entraver la compétitivité des entreprises américaines.

Forte volatilité

Et les déclarations à l’emporte-pièce, dans une conjoncture complexe et en plus dans un marché peu liquide, peuvent avoir un effet immédiat, et ce fut le cas hier.

Sans compter que l’Amérique n’a certainement pas envie de donner une impression de vulnérabilité, alors que concrètement, elle souhaite plutôt donner l’impression d’être à l’avant-garde des tendances de politique monétaire mondiale…

Quant à la "source diplomatique anonyme", elle aura contribué à jouer un scénario contraire à la tendance recherchée par la BCE et les dirigeants européens, à savoir ramener le calme sur les marchés de taux et surtout ne pas pâtir d’un euro trop fort.

Antoine Larigaudrie