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Rachat de NYSE Euronext par ICE: bonne ou mauvaise nouvelle?

NYSE Euronext va devenir plus compétitif avec le rachat d'ICE

NYSE Euronext va devenir plus compétitif avec le rachat d'ICE - -

L’absorption de l’opérateur boursier par sa rivale américaine, va donner naissance à un ensemble diversifié et solide. Une bonne opportunité pour les deux groupes, mais qui n’est pas sans certains risques.

Un mastodonte boursier va être créé. Jeudi 20 décembre, le spécialiste des dérivés IntercontinentalExchange (ICE) a annoncé avoir trouvé un accord pour racheter le célèbre opérateur NYSE Euronext, qui gère notamment la Bourse de Paris. Cette opération, de 8,2 milliards de dollars, doit toutefois encore obtenir le feu vert des autorités de la concurrence pour être concrétisée.

Pour les deux groupes, cette transaction comporte des avantages indéniables. Tout d’abord, le rachat de NYSE Euronext par ICE donnerait naissance au tout premier opérateur boursier mondial.

Ensuite, les activités des deux groupes sont complémentaires. Alors que NYSE Euronext est grandement présente sur les marchés actions, les activités d’ICE recouvrent essentiellement les matières premières, les dérivés et les produits de taux d’intérêts.

L’agence de notation Standard and Poor’s note ainsi que la nouvelle entité issue de ce rachat permettra de créer "une entreprise hautement diversifiée". Sa consœur Moody’s estime, elle, que les activités de NYSE et ICE sont "largement complémentaires".

"NYSE fera partie d'une entité plus diversifiée et plus rentable qui lui permettra d'être plus compétitif sur des marchés de capitaux encore en cours d'adaptation aux nouvelles réglementations et aux niveaux d'activité en baisse", ajoute-t-elle.

S&P s'interroge

Par ailleurs, via ce rachat, ICE met la main sur un marché qui a le vent en poupe et qui concerne le cœur de son métier. L’ Américain va ainsi récupérer le LIFFE (London International Financial Futures and Option Exchange), le marché londonien de dérivés de matières premières et de contrats à termes, véritable pépite de NYSE Euronext.

Et du point de vue de NYSE, la distribution de ses produits dérivés pourra profiter du réseau extrêmement important du ICE.

Néanmoins, toute médaille a son revers, notamment pour NYSE Euronext. Jeudi, Standard and Poor’s qui note NYSE Euronext, mais pas ICE, a placé sous surveillance la note de crédit de l’opérateur boursier, actuellement à A+.

Le motif: ICE va avoir recours à la fois à sa trésorerie mais aussi à l’emprunt, auprès des banques, pour financer l'acquisition. Du coup, S&P craint que la nouvelle entité ne soit un peu trop endettée.

Elle va ainsi étudier l’impact de la transaction sur la santé financière de NYSE Euronext. Son verdict devrait survenir une fois l’opération bouclée, c’est-à-dire normalement au second semestre 2013. L’agence informe que la note de NYSE Euronext a une chance sur deux d'être abaissée.

Les places de Paris, Lisbonne, Amsterdam et Bruxelles fragilisées?

De plus, les places de Paris, Bruxelles, Lisbonne et Amsterdam, c’est-à-dire Euronext, risquent de pâtir de ce rachat. ICE pense scinder en deux NYSE Euronext, et introduire Euronext en Bourse fin 2013.

D’aucun y verrait une façon d’isoler les "mauvais élèves", c’est-à-dire les marchés actions d'Euronext.

L’administrateur de ICE, Jean-Marc Forneri réfute cette hypothèse. Pour lui il s’agit davantage de séparer des activités très différentes.

"Il n’y a pas un mauvais élève, qui serait le marché cash equity, et de bons élèves, qui seraient les marchés dérivés. Il y a deux types de marchés: l’un totalement mondialisé n'ayant aucun aspect régional, et l’autre, le marché actions, totalement régional".

Julien Marion et AFP