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Sanofi–Medivation: la guerre d’usure commence

Sanofi et son nouveau patron, Olivier Brandicourt, ne lâchent pas le dossier Medivation. Les échanges deviennent plus musclés entre les deux groupes.

Sanofi et son nouveau patron, Olivier Brandicourt, ne lâchent pas le dossier Medivation. Les échanges deviennent plus musclés entre les deux groupes. - Eric Piermont - AFP

"La biotech américaine Medivation a émis jeudi soir une deuxième fin de non-recevoir à l'offre de rachat de Sanofi. Les rapports se tendent alors que les deux groupes semblent désormais partis pour une bataille boursière bien plus longue que prévu."

"Substantiellement inadéquate"... c'est ainsi que la biotech américaine Medivation qualifie l'offre de Sanofi. Pourtant attrayante sur le papier, elle propose une prime de 100% sur le cours de bourse moyen, dépassant ainsi les 9 milliards de dollars.

Mais la biotech américaine n’a pour l’instant aucunement l’intention de se laisser amadouer. L’entreprise, spécialisée dans le traitement des cancers rares, est sûre de son potentiel, et estime qu'un développement en solo, avec l'actuel plan stratégique à l’œuvre au sein du groupe, créera beaucoup plus de valeur qu'un rachat par Sanofi.

Dialogue musclé

Les choses semblent donc claires: officiellement, le groupe n’est pas à vendre, et il n'est même pas question de négocier quoi que ce soit à ce niveau-là, même sur un terme un peu plus long et en tenant compte d’une éventuelle surenchère.

Sanofi a aussitôt contre-attaqué. Le groupe a envoyé une lettre au conseil de Medivation, dont le ton prouve bien qu’on passe des propositions courtoises au dialogue musclé.

Le cas particulier du Delaware…

Le laboratoire se dit tout à fait fait prêt à relever son offre, mais Medivation, pour cela, doit s'ouvrir au dialogue. Sinon, la suite des événements passera par une offre hostile et une négociation directe avec les actionnaires de la biotech.

Pire, Sanofi se réserve le droit de suggérer une révocation de l'ensemble du conseil de Medivation! Une disposition rendue possible par le droit de l’état du Delaware, lieu de domiciliation fiscale de la société.

Première offensive de "l’ère Brandicourt"

Ainsi, si les actionnaires sont convaincus de l’intérêt de l’opération et que les membres du conseil sont contre, les premiers peuvent demander le départ des seconds et leur remplacement, sans même passer par une assemblée générale.

Un ton largement plus offensif, preuve que Sanofi reste déterminé à couronner de succès sa première opération depuis le début de la présidence d’Olivier Brandicourt.

Mais parallèlement, la pression est forte sur le titre Sanofi depuis le début des révélations sur cette offensive: il perd à peu près 5%, alors que le CAC40, son indice de référence, en gagne 0,8%.

Antoine Larigaudrie