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Scandale de l’Euribor : l’Europe s’attaque à la réforme

La BCE et la Commission européenne s'inquiètent du désengagement de certaines banques dans le calcul de l'Euribor

La BCE et la Commission européenne s'inquiètent du désengagement de certaines banques dans le calcul de l'Euribor - -

Michel Barnier a indiqué, ce vendredi 8 février, que la Commission de Bruxelles envisageait d’obliger les banques européennes à participer à l’élaboration de l’Euribor. Un moyen d’assurer son intégrité.

Après le scandale, les banques rechignent à faire partie du panel qui fixe l’Euribor pour ne pas pâtir des retombées négatives. Un phénomène d’une telle ampleur que la Commission européenne envisage d’en obliger certaines à y participer. C’est ce qu’a indiqué, vendredi 8 février, Michel Barnier, le commissaire européen aux Services financiers.

Parmi les 43 banques participant à l’élaboration du taux interbancaire européen, certaines ont jeté l’éponge ces derniers temps, Comme Rabobank et Citi. La Commission craint que "l'intégrité des taux de référence" n’en pâtisse. Elle devrait ainsi présenter mi-2013 un texte destiné à réformer les "modalités d'élaboration de ces taux", a annoncé Michel Barnier. Une "proposition qui devrait inclure la possibilité de rendre obligatoire la déclaration des taux de référence systémiques tels que l'Euribor".

L'Euribor très important pour la BCE

Cette déclaration fait suite à la mise en garde de la Banque centrale européenne, qui a appelé ce même jour les banques à rester dans l'Euribor, ou à y entrer si elles n’en faisaient pas encore partie. L’institution de Francfort craint, elle aussi, des perturbations éventuelles de son fonctionnement. Or "l'Euribor a une grande importance pour la mise en œuvre de la politique monétaire en zone euro", souligne la BCE.

Chaque jour un panel d’établissements déclare à quel coût il emprunte sur les marchés. C’est la moyenne de tous ces taux, faite par la BCE, qui donne l’Euribor. Ce taux détermine notamment à combien les banques se prêtent entre elles. Mais il sert aussi de base de calcul à un grand nombre de produits financiers, de prêts aux entreprises et aux particuliers.

Des implications incalculables

La Commission européenne mène actuellement une enquête parce qu’elle soupçonne des manipulations de ce taux, et de son équivalent britannique, le Libor, sur plusieurs années, par les acteurs qui contribuent à son calcul.

La découverte de ce scandale aux implications multiples fait trembler le monde de la finance. Ainsi, chez Barclays et Deutsche Bank, les têtes n’en finissent pas de tomber, même au plus haut niveau. Les dommages et intérêts se comptent déjà en milliards de dollars, avec une mention spéciale pour HSBC, condamnée à verser 1,9 milliard de dollars. La plus lourde amende jamais infligée à une banque.

Nina Godart