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George Soros voit la crise de 2008 resurgir en Chine

George Soros a parié contre les devises asiatiques.

George Soros a parié contre les devises asiatiques. - Éric Piermont - AFP

"Le célèbre investisseur milliardaire a déclaré mercredi que la situation du crédit en Chine "ressembl[ait] étrangement à ce qui s'est passé durant la crise financière de 2007-2008 aux États-Unis". Un signal d'alarme qui est en fait très calculé."

George Soros se mue en Cassandre. Le célèbre investisseur a en effet prononcé une déclaration choc mercredi lors d'un événement privé à New York. Réagissant à la forte croissance du crédit en Chine, l'homme qui a fait sauter la Banque d'Angleterre a averti que la situation avait un dangereux goût de déjà-vu.

Cela "ressemble étrangement à ce qu'il s'est passé durant la crise de 2007-2008 aux États-Unis", a averti le multimilliardaire (24,5 milliards de dollars, selon Forbes). Ce dernier considère que le marché de l'immobilier en Chine est en train de connaître une bulle qui devrait s'auto-alimenter pendant quelques années, comme cela a été le cas en 2005 et 2006 dans le pays de l'oncle Sam. Avant, donc, d'éclater. 

Pas un hasard

Comme l'explique Bloomberg, en mars 362 milliards de dollars de nouveaux crédits ont été alloués dans la deuxième économie mondiale. Sur un an, les prix des nouveaux logements dans la ville de Shenzhen ont gonflé de plus de 60%!

Le cri d'alarme du géant de la Finance n'est toutefois que moyennement étonnant. Déjà en janvier à Davos, George Soros s'en était pris à la Chine affirmant que son économie ne pourrait éviter "un atterrissage catastrophe". Et, déjà, l'investisseur ne prononçait pas ces mots sans raison puisqu'il indiquait alors avoir parié contre les devises asiatiques, sans citer explicitement le yuan. Même s'il est évidemment très probable que la monnaie chinoise soit concernée.

"Crocodile de la Finance"

C'est en tout cas ce qu'avait compris Pékin, qui s'en est ensuite pris à l'investisseur américano-hongrois par voie de presse. "Soros a ouvertement déclaré la guerre à la Chine, en affirmant qu'il pariait à la baisse sur un important volume de devises asiatiques", écrivait un journaliste dans un éditorial du journal officiel du PCC, ajoutant que George Soros était "un crocodile de la finance". "En raison de son influence, les devises asiatiques font clairement face à de fortes pressions spéculatives", pouvait-on lire.

Sauf que George Soros n'est pas le seul grand nom de Wall Street à défier le yuan. D'autres pointures de la finance tels que Kyle Bass (Hayman Capital), David Tepper (Appaloosa Management) et surtout Bill Ackman (Pershing Square Capital) font de même. Un peu comme Soros, Kyle Bass a d'ailleurs lui aussi tendance à tirer la sonnette d'alarme pour convaincre que son choix est le bon. En février il déclarait que la Chine "était une bombe à retardement" et allait jusqu'à affirmer que les banques chinoises pourraient perdre jusqu'à 3 fois ce que leurs homologues américaines ont perdu durant la crise des subprimes.

Selon le Wall Street Journal, certains investisseurs vont même jusqu'à tabler sur une baisse de 40% du yuan. Un chiffre qui semble invraisemblable sur le marché de devises où, par exemple, une baisse de 1% sur l'euro/dollar correspond à un vrai gadin.

J.M.