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Trading à haute fréquence: les premières sanctions tombent

Euronext écope d'une amende de 5 millions d'euros.

Euronext écope d'une amende de 5 millions d'euros. - Eric Piermont - AFP

La Commission des sanctions de l'AMF a infligé deux amendes. Une à l'Américain Virtu et l'autre à Euronext.

La Commission des sanctions de l'AMF s'attaquait pour la première fois au "trading à haute fréquence". Et elle a infligé une lourde amende de 5 millions d'euros à la fois à l'Américain Virtu et à l'opérateur boursier Euronext. La Commission, seule habilitée à prononcer des sanctions, a été plus sévère pour Euronext que les réquisitions du Collège de l'Autorité des marchés financiers (AMF) qui avait demandé une amende de 4 millions d'euros. 

Le "trading à haute fréquence" (HFT) utilise ordinateurs surpuissants et calculs algorithmiques pour passer une multitude d'ordres sur les marchés en un temps record et prendre de vitesse tous les autres acteurs.

Cela renforce du coup le risque de "flash crash" ou krach éclair marqué par une chute aussi spectaculaire que rapide d'un indice boursier ou du cours d'une action. S'il n'y a pas de chiffres officiels, les experts du secteur évaluent la présence du HFT à entre 30 et 40% dans les transactions en Europe, et à entre 50 et 60% aux États-Unis.

Manipulation des cours

Il est reproché à Virtu, un des spécialistes mondiaux du HFT d'avoir manipulé les cours de 27 titres de l'indice CAC 40 et à l'opérateur de la Bourse de Paris, Euronext, d'avoir manqué à ses obligations de neutralité et d'impartialité vis-à-vis des autres intervenants.

"Le non-respect par Euronext de son obligation professionnelle d'agir avec neutralité et impartialité, dans le respect de l'intégrité du marché, est d'une particulière gravité s'agissant de principes qui conditionnent le bon fonctionnement même du marché", a affirmé la Commission des sanctions pour expliquer l'alourdissement de la sanction prononcée contre l'opérateur de la Bourse de Paris.

Pour Virtu, la Commission a mis en exergue "la gravité des manquements commis" au regard de "l'importance que revêt la transparence des marchés pour la protection des investisseurs". Cette décision "est particulièrement contestable, totalement disproportionnée et complètement anachronique", a aussitôt réagi dans un communiqué Stéphane Boujnah, directeur général et président du directoire d'Euronext. Le groupe boursier a annoncé son intention de faire appel de cette décision.

D. L. avec AFP