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Pourquoi le coup de faiblesse de la Bourse est sans doute passager

Malgré plusiuers coups de mou à court terme et un retour de la volatilité, les investisseurs restent persuadés que les perspectives du marché action restent très porteuses pour les mois a venir.

Malgré plusiuers coups de mou à court terme et un retour de la volatilité, les investisseurs restent persuadés que les perspectives du marché action restent très porteuses pour les mois a venir. - Spencer Platt - Getty Images North America

Baisse marquée des indices en quelques jours seulement, forte volatilité sur le marché des taux, un euro-dollar qui remonte... Le marché boursier traverse une phase compliquée, même si à plus long terme les perspectives sont au beau fixe.

5.7% de perdu en 5 journées de bourse ! Un bilan plutôt lourd à court terme pour le CAC40, et des investisseurs qui commencent a se poser des questions, face à des secousses de tendance de plus en plus fortes. Rien que sur la séance d’hier, après une hausse de 1% en matinée, le principal indice de la Bourse de Paris a perdu 2.12% en clôture.

Des montagnes russes, sur de gros volumes d’échanges (un peu plus de 5 milliards d’euros de titres négociés hier), qui suscitent des interrogations auprès de la plupart des intervenants de marché. Est-on arrivé au bout de l’extraordinaire rallye de ces derniers mois (on gagne toujours 16.4% depuis le 1er janvier), avec un final sous forme de secousses géantes ?

Un scénario bien huilé qui sort des rails

Le premier élément qui saute aux yeux, c’est que certains paramètres du scénario haussier si bien huilé depuis la fin de l’année dernière sont en train de déraper. On s’était habitué à voir les taux obligataires baisser de plus en plus, voire devenir négatifs sous l’effet de politique monétaire de la BCE, voilà qu’ils remontent brusquement. Le rendement de la dette française a quasiment doublé en moins d’une semaine, passant de 0.4 à plus de 0.8% . Pareil pour la dette allemande.

Et puis quid de la baisse de l'euro face au dollar? On voyait les deux grandes devises mondiales à parité dans les mois qui viennent? Le scénario paraît moins crédible aujourd'hui. L'euro est remonté aux environs de 1,12 dollars... Là aussi on s’attendait dans le sillage des taux européens à une dépréciation tranquille de la monnaie européenne et à une remontée du billet vert, voilà que le scénario s’inverse totalement à court terme.

Une fois de plus: stop ou encore?

Sans compter la remontée continue du pétrole, qui, mine de rien, aura repris une vingtaine de dollar depuis la mi-janvier. Et là, précisément, sur un mouvement lent et régulier, issu de considérations fondamentales d’offre, de demande et de géopolitique.

Les convictions qui tenaient le marché depuis des mois, le fait que les banques centrales sont à la manœuvre pour faire en sorte que les actions, notamment européennes, soient de toutes les façons le seul actif vraiment rémunérateur, la puissance des flux de capitaux... Tout cela est-il déjà terminé?

Flux d’investissements toujours positifs

Pas du tout. Pour le moment, malgré une vraie réapparition de la volatilité depuis une semaine, et la monté d’inquiétudes fondamentales sur l’économie, notamment la réapparition de l’inflation, on a des chiffres toujours spectaculaires et toujours en progrès en matière d’investissement dans les actions.

Certes, sur la semaine passée, on a vu un net coup d’arrêt aux flux d’investissement sur les fonds actions européens. 400 millions de dollars de flux nets positifs selon les chiffres de Merril Lynch. C’est certes la 16ème semaine consécutive de flux positifs, mais on était habitué à des semaines riches de plusieurs milliards de dollars, voire quasiment des dizaines.

Le poids des ETF

Regardons maintenant au niveau global les achats d’ETF, ces instruments qui épousent la tendance des indices sans distinction. Cette lame de fonds d’investissement qui anime le marché depuis des mois est en train de crever tous les plafonds. Le marché des ETF dépasse désormais les 3.000 milliards de dollars d’encours, selon les dernières données du cabinet Markit.

Et avec 100 milliards d’un coup accumulés sur le seul 1er trimestre, soit le triple des montants investis il y a un an sur la même période.

Colonne vertébrale des marchés

Que les investisseurs étrangers misent en masse sur les ETF ne veut certes pas dire du tout qu’ils parient toujours sur une hausse continue des marchés. Au contraire, miser sur des instruments passifs, qui ne font que répliquer la tendance, peut tout simplement vouloir dire que les investisseurs qui sont sur ce marché n’ont aucune idée de la tendance future.

Mais c’est aussi précisément cette incroyable masse d’argent qui tient le marché depuis des mois, avec des positions constituées avec la conviction sur les actions européennes constituent le seul actif vraiment rémunérateur. Ceci étant justement le centre de la politique de la BCE, encourager la prise de risque, l’appréciation des actifs, de l’activité, et par là-même d’un peu d’inflation.

Tendances de long terme toujours porteuses

Et au regard de tous ces éléments, qu’il faudra continuer à suivre très scrupuleusement, on assiste sans doute à une forme de normalisation de la situation, qui coïncide avec une reprise de souffle générale sur les marchés actions avec de bonnes grosses prises de profits.

Pas de quoi paniquer et changer d’orientation ou de conviction au contraire. Sauf évidemment évènement totalement inattendu, ou choc exogène majeur, qui jalonnent l’histoire boursière contemporaine.

Antoine Larigaudrie