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La TVA à 5%, pure démagogie

L'économie serait d'un centime par paquet de pâtes.

L'économie serait d'un centime par paquet de pâtes. - -

Bruno Leroux, président du groupe socialiste à l’Assemblée, s’est interrogé sur le passage de la TVA de 5,5% à 5% sur les produits dits de premières nécessités. Cette mesure coûtera 750 millions d’euros sans que les consommateurs ne s’en aperçoivent.

Non seulement on ne peut gérer les finances publiques en en restant à des gestes symboliques, mais il faut se demander comment l’Etat va compenser les 750 millions perdus.
En fait, Bruno Leroux a raison de constater que les baisses de prix, si la réduction du taux de TVA de 5,5% à 5% était répercutée, seraient minimes. L’avantage de la réforme est de simplifier les calculs mais pas de donner réellement du pouvoir d’achat. Comme l’a calculé Bruno Leroux, l’économie serait de moins d’un centime par paquet de pâtes alimentaires. En fait, il s’agit d’un effet d’annonce, d’une mesure d’affichage qui permet au gouvernement de montrer qu’il s’intéresse aux plus pauvres. Le coût de la démonstration est de 750 millions, ce qui n’est pas négligeable. Et une fois que l’effet d’annonce est passé, la question est de savoir où l’on va trouver les 750 millions en question. Dans une période où les finances publiques sont toujours autant en déficit, chaque baisse d’impôt ou chaque augmentation de dépenses devraient s’accompagner d’une présentation de la compensation.

Bruno Leroux dit que l'on pourrait utiliser cette somme à une action en faveur des veuves: est-ce une bonne idée ?

La première utilisation devrait être de continuer à baisser le déficit. Le temps des largesses n’est pas encore venu et la France souffre des largesses des précédentes équipes, notamment celles faites au cours des 10 dernières années, alors que le budget était déjà en fort déficit. En revanche, beaucoup d’économistes, dont moi, affirment que quand on parle de réduire les inégalités, on cherche souvent à réduire le revenu des riches par les impôts sans vraiment améliorer la situation des pauvres. Les politiques dites de solidarité sont souvent des politiques de punition. Bruno Leroux a raison en ce sens qu’on ne voit pas assez que le bon moyen de réduire les inégalités, c’est d’orienter la dépense publique vers l’aide aux plus défavorisés. Les veuves dans la proposition de Bruno Leroux, mais cela pourrait être plus vaste. Si la gauche était digne de ses principes, elle regarderait dépense par dépense pour voir qui en est le bénéficiaire et ferait en sorte que la dépense aille vers ceux qui sont le plus en souffrance.

Est-ce que cela s'est déjà fait ?

Les travaillistes anglais à l’époque des débuts de Tony Blair parlaient d’un budget en « Robin des bois à l’envers ». C'est-à-dire un budget qui prend les impôts aux pauvres et fournit des services aux riches, l’inverse de ce que faisait Robin des bois. Ils ont essayé de réorienter la dépense publique mais le bilan n’est pas parfaitement convaincant. L’exemple le plus célèbre de Robin des bois à l’envers est le budget de la culture : on subventionne l’Opéra avec l’impôt de tous pour permettre à quelques Parisiens aisés d’assister à des spectacles de qualité. Il y a en fait un chantier énorme pour remettre Robin des bois à l’endroit.

Jean-Marc Daniel