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UPDATE2: S&P confirme la note "AA+" de la France mais demande plus de réformes

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--S&P confirme la note "AA+" de long terme et la note "A-1+" à court terme de la France --Leur perspective reste "négative" --L'agence attend un déficit de 4,5% du PIB et une stagnation économique cette année --

--S&P confirme la note "AA+" de long terme et la note "A-1+" à court terme de la France

--Leur perspective reste "négative"

--L'agence attend un déficit de 4,5% du PIB et une stagnation économique cette année

--Elle salue les mesures déjà prises mais en demande de nouvelles

(Actualisation: déclarations du ministre de l'Economie, commentaires supplémentaires de Standard & Poor's, positions de Moody's et Fitch Ratings)

PARIS (Dow Jones)--Standard & Poor's a confirmé vendredi la note à long terme "AA+" de la France et celle à court terme à "A-1+", en maintenant leur perspective "négative", estimant "que le gouvernement français est déterminé à mener des réformes budgétaires et structurelles, s'appuyant sur les mesures déjà annoncées pour renforcer le potentiel de croissance économique".

"La perspective associée à la note de la dette à long terme de la République française est 'négative', ce qui signifie que nous estimons à au moins un sur trois le risque d'un abaissement de note au cours de l'année 2013", a prévenu l'agence d'évaluation financière dans un communiqué.

Vers 10h30, le CAC 40 cédait 0,2% à 3.490,15 points. Le rendement de la dette française à deux ans s'établissait à 0,14% et celui de la dette à 10 ans, à 2,05%, selon des données SIX Financial, s'inscrivant en légère baisse par rapport à jeudi soir.

Divergences sur les perspectives économiques

S&P a estimé que le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait stagner en 2012 avant de progresser de 0,4% l'an prochain. L'agence de notation a également dit tabler sur un déficit public représentant 4,5% du PIB cette année et 3,5% en 2013.

Le gouvernement attend de son côté une croissance de 0,8% l'an prochain, avec un déficit à 3% du PIB. En 2012, le PIB a été stable au premier trimestre et s'est contracté de 0,1% au deuxième, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Selon les premières estimations de l'Insee, la croissance est repartie au troisième trimestre, avec une hausse de 0,2% de la richesse nationale.

Dans ses prévisions pour la France en 2013, le Fonds monétaire international (FMI) est lui moins optimiste que le gouvernement français, anticipant sur un déficit de 3,5% et sur une croissance de 0,4%.

Erosion de la compétitivité

S&P a souligné vendredi que le gouvernement "a déjà pris des mesures visant à rétablir la compétitivité de l'économie - en présentant un pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi en novembre 2012 - ainsi qu'à tenir ses objectifs budgétaires de moyen terme".

Pour atteindre son objectif d'un déficit ramené à 3% du PIB en 2013, le gouvernement a présenté à la fin septembre un budget prévoyant des économies de 30 milliards d'euros. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a également annoncé des mesures visant à relancer la compétitivité et donc à stimuler la croissance, incluant un crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour les entreprises sur trois ans.

Standard & Poor's a néanmoins déploré vendredi une rigidité structurelle du marché du travail, une concurrence "relativement restreinte" dans certains secteurs des services et une fiscalité "élevée", des éléments "qui ont contribué à une érosion significative de la compétitivité coût et non-coût de l'économie française".

Travail et services doivent être réformés

"Nous considérons que des réformes du marché du travail et du secteur des services seraient positives pour la compétitivité, la croissance économique et, par conséquent, pour la qualité de crédit de la République française", a expliqué S&P. "Elles seraient susceptibles de réduire le chômage à moyen terme et d'assouplir les rigidités structurelles du marché du travail, telles que la relative insensibilité des salaires au cycle économique, la dualité existant entre contrats à durée déterminée et indéterminée et la réglementation relative aux embauches et aux licenciements", a plaidé l'agence de notation.

"À notre avis, le climat des affaires a peu de chances de s'améliorer sensiblement en l'absence de réformes plus profondes du marché du travail et du secteur des services, visant à réduire les barrières à l'entrée et à introduire de la concurrence dans les professions réglementées, ainsi qu'à simplifier les formalités administratives pour les entreprises", a par ailleurs prévenu S&P.

Standard & Poor's avait été la première à priver la France de son "triple-A", la meilleure note possible, en abaissant les notes souveraines du pays en janvier 2012.

Moscovici maintient le cap

Réagissant au communiqué de S&P, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a souligné "la résolution du gouvernement à mener à bien les réformes engagées", rappellant "la résolution du gouvernement à mener à bien les ambitieuses réformes en cours et à poursuivre le redressement de l'économie française, dans la justice, et pour l'emploi".

"Comme le reconnaît Standard and Poor's, la France est un pays solide qui dispose d'une économie riche, diversifiée, et résiliente", a poursuivi le ministre. "La dette française est parmi les plus liquides et les plus sûres de la zone euro, bénéficiant actuellement de taux historiquement bas, preuve de la confiance réaffirmée des investisseurs", a-t-il rappelé.

Les inquiétudes de Moody's

Dans la nuit de lundi à mardi, Moody's avait abaissé la note de dette souveraine française d'un cran, la privant à son tour de la note maximale "AAA", en raison des risques pesant sur la croissance et des incertitudes élevées concernant les perspectives budgétaires du pays.

Moody's attribue désormais une note "Aa1" à la France, assortie d'une perspective "négative", ce qui signifie que la note est susceptible d'être encore abaissée à moyen terme.

L'agence de notation avait, comme S&P vendredi, estimé que les réformes récemment annoncées par le gouvernement français étaient appropriées mais "pas suffisantes pour rétablir la compétitivité du pays".

Fitch: un verdict "courant 2013"

Cette semaine, la troisième grande agence de notation, Fitch Ratings, a également commenté ses intentions sur la note souveraine de la France. Elle est la dernière à attribuer le précieux "triple-A" à la France.

Son propriétaire, Marc Ladreit de la Charrière, a déclaré lors d'un entretien sur France Info que Fitch Ratings rendrait son verdict "au cours de l'année 2013".

Le dirigeant a souligné que la France se trouvait actuellement "dans une situation assez fragile" par rapport aux douze pays qui sont encore notés "AAA" par les trois grandes agences de notation en raison du niveau de son déficit budgétaire et de sa dette.

-Marion Issard, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 72; marion.issard@dowjones.com

(Eric Chalmet a contribué à cet article)

(END) Dow Jones Newswires

November 23, 2012 04:44 ET (09:44 GMT)

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