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Wall Street: profits 2015 attendus en baisse, une première en 4 ans

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- - ANDREW BURTON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Au milieu de la tourmente des marchés chinois, les investisseurs américains reviennent aux fondamentaux avec les résultats d'entreprises. Mais malheureusement, l'année 2015 ne s'annonce pas comme un grand cru.

-7,9% en moyenne... C’est ce que le cabinet de prévisions Factset attend en termes de baisse des profits pour l’ensemble des entreprises américaines cotées au S&P500. Une baisse générale des bénéfices, les analystes de Wall Street n’avaient pas vu ça depuis 2009, au moment où on était encore dans le sillage de la crise financière et bancaire de "l’après-Lehman".

Ceci dit, le bilan de cette année 2015 devrait être extrêmement contrasté. Car la baisse moyenne des profits devrait surtout être provoquée par la forte baisse des cours du brut, qui vont mécaniquement faire plonger les bénéfices des grands pétroliers. Du coup les résultats du secteur de l’énergie sont attendus en chute libre, -59%.

L’effet matières premières

Autres secteurs à problèmes, les mines et les transformateurs de matières premières, dont les bénéfices sont attendus en baisse de 8%. Alcoa est précisément dans ce cas de figure précis, et va encore devoir délivrer des performances malgré la forte baisse des cours de l’aluminium. Tout le problème finalement sera là, et le cas Alcoa va sans doute être très symptomatique de la problématique du moment.

La demande a beau être en croissance régulière pour l’aluminium, notamment du côté des industries cycliques comme l’automobile ou l’aéronautique, les paramètres d’offre et de demande sont toujours perturbés par l’incapacité à déterminer la demande et les stocks en Chine.

La profitabilité ne fait pas tout

Du coup, c’est toute la métallurgie qui en subit le contrecoup, confrontée à la dégringolade des cours des matières premières, le problème des stocks, et la nécessité de trouver des équilibres de prix et de rentabilité satisfaisants. Et Alcoa devrait en être le témoin. Certes le groupe a toujours réussi à conserver une rentabilité tout à fait honorable, mais on ne voit aucun signe de stabilisation de l’activité et de retour à une vraie situation d’équilibre pour le moment.

C’est pourquoi les prévisions d’Alcoa seront suivies de près, par l’ensemble du secteur de la métallurgie mais beaucoup d’autres également. D’ailleurs sur l’ensemble des industries cycliques, le cabinet Factset s’attend à un léger recul des bénéfices sur l’année 2015, de l’ordre de 1,1%.

Les exportateurs pénalisés

Ces secteurs constituent un vrai poids mort, alors que d’autres segments de marché se sont théoriquement bien mieux tenus. On attend notamment une forte hausse des bénéfices du secteur des télécoms (+19%), de la santé (+12%), des banques (+11%), ou encore des fabricants de produits de grande consommation (+10%).

La divergence parmi les secteurs saute aux yeux: ce sont les entreprises orientées vers le marché américain, vers le consommateur américain, qui devraient signer les meilleures performances. Les services informatiques, secteur très attendu aussi avec les trimestriels d’IBM, de HPEntreprises, de Dell ou d’Oracle, devraient s’afficher stables ou en très légère croissance.

Le poids du dollar fort

Pourquoi? À cause d’un facteur qui pèse depuis 1 an et demi et qui va peser de manière croissante: le dollar fort! Et la situation ne va pas s’arranger à mesure que la FED remonte ses taux directeurs cette année. Cela va accroître la force de la devise américaine avec une meilleure rémunération. Mais l’affaire est fort mauvaise pour les grands exportateurs.

Par conséquent, on s’attend à des nouvelles globalement mauvaises de la part des entreprises américaines, et fort peu de chances que la situation s’améliore dans les trimestres à venir et sur l’ensemble de 2016, tant les facteurs Chine, matières premières et dollar sont appelés à rester de vrais poids.

Antoine Larigaudrie