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Economie

Blackberry et le Medef

BlackBerry et son téléphone carré

BlackBerry et son téléphone carré - CARL COURT / AFP

Dans la ruine on met tout sur la table. Blackberry l’a fait. Les syndicats le refusent

Je suis sûr qu’il y a quelques mois, chez Blackberry, quand un type est arrivé avec cette idée de faire un smart phone carré, on lui a dit quelque chose dans le genre:"c'est un scandale, ça ne correspond pas à nos valeurs, un smartphone c’est rectangulaire". Il a dû répondre quelque chose comme : "mais vous vous rendez compte qu’on est mort, les mecs, que des rectangles y en a partout, que sans un choc on n’en sortira pas", et comme il avait raison on l’a écouté, et il est là, ce matin, le téléphone carré, et j’avoue qu’il me bluffe, et que pour la 1ere fois depuis longtemps je me dis "pourquoi pas Blackberry ?"

Le Medef n’essaie rien d’autre.

Pierre Gattaz est venu nous le dire: au nom de quoi va-t-on refuser tel ou tel tabou ? Est-ce qu’on peut vraiment se permettre de ne pas tout regarder, tout mettre sur la table, quitte à écarter des pistes, en ouvrir d’autres etc… "On ne fait pas comme ça dans notre pays". Voilà la réponse.

Ah non ? Alors on fait comment ? Parce que là, moi, je ne sais plus. Entre ce pacte qui se délite chaque jour et ce président qui s’enfonce.

D'ailleurs, et si le Medef était en train d’entamer un mouvement d’un machiavélisme souverain : tout est bloqué ? J’en prends acte. Non seulement je ne veux plus de grand messes inutiles, mais en plus je vais les rendre impossibles à coups de provocations, sur les jours fériés par exemple. Dès lors, deux solutions pour avancer : la négo au cœur des entreprises qui le veulent, et c’est bien chez Doux, par exemple, que la CGT vante le management "fabuleux" (c’est le terme) d’un patron qui vire 1000 personnes pour survivre, ou bien, deuxième solution, le gouvernement qui sort des ordonnances, et qui peut les justifier, justement, par le blocage du dialogue.

En tout cas, les réactions pavloviennes de ces dernières heures confortent l’idée que ce dialogue social tel qu’on l’a connu est mort (« toute ma vie j’ai cru que seuls les accords nationaux avaient de la valeur, aujourd’hui je crois exactement le contraire » m’a dit Raymond Soubie) et que pour stopper la chute il va falloir inventer un téléphone carré.

Stéphane Soumier