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Apprentissage: 10 ans pour rien

Les "stocks" d'apprentis pour les entreprises ont baissé.

Les "stocks" d'apprentis pour les entreprises ont baissé. - Philippe Huguen - AFP

En 2014, il y a eu 264.000 entrées en apprentissage, soit un niveau proche de 2005. Au total, 400.000 jeunes étaient apprentis l'année dernière, l'objectif fixé par le gouvernement d'avoir 500.000 apprentis en 2017 semble difficile à atteindre.

Le constat est amer. Malgré un nouvel arsenal d'aides, les entrées en apprentissage ont de nouveau baissé, d'environ 3% en 2014, selon des données provisoires du ministère du Travail.

L'an dernier, tous secteurs confondus, l'administration a enregistré 273.209 nouveaux contrats d'apprentissage dans la France entière, selon la Dares, service des statistiques du ministère. Dans le détail, 264.580 jeunes sont entrés dans le dispositif dans le secteur marchand (-3,2%) et 8.629 dans le secteur public (-4,7%). Des niveaux proches de 2005 où il y avait eu 263.000 contrats.

L'apprentissage recule toutefois moins qu'en 2013, année où les entrées avaient chuté de 8%. La raison de ce recul était la forte réduction des aides à l'embauche d'apprentis, rognées de 500 millions d'euros.

Conséquence de cette baisse des entrées, les "stocks" d'apprentis ont également baissé. Pour la seule métropole, l'administration a recensé en moyenne environ 400.000 jeunes apprentis sur l'année 2014, contre un peu moins de 420.000 en 2013. L'objectif du gouvernement - 500.000 apprentis en 2017 - s'éloigne.

Mauvaise image

Les raisons de ce recul sont nombreuses. Tout d'abord, les freins "psychologiques". Les métiers auxquels ces formations préparent n'ont pas forcément une bonne image. Et Philippe Jamet, présent de la Conférence des Grandes Ecoles, explique au Figaro
que les politiques donnent une vision négative de l'apprentissage. Ils voient ses contrats comme des secondes chances. "On donne l’impression que vous faites de l’apprentissage parce que vous avez raté tout le reste. L’enjeu principal, c’est d’avoir un discours positif sur l’apprentissage". Un jeune sur cinq qui entre en apprentissage ne va pas jusqu'au bout.

De plus, il existe des freins pratiques, notamment pour les apprentis de moins de 18 ans. Le gouvernement, pour y remédier, a décidé de mettre en place des simplifications administratives et réglementaires.

Et enfin, il existe des freins financiers. Ce sont les régions qui ont pris le relais pour financer les contrats. Les entreprises ont moins voix au chapitre.

Léger sursaut

Le ministère du Travail met donc l'accent sur les chiffres de juin à décembre. Sur cette période, la baisse n'est que de 1,8% par rapport à 2013. Un léger sursaut a en effet été constaté à la rentrée, avec 128.442 entrées en septembre et octobre, soit 4,3% de plus qu'en 2013. Les entrées en apprentissage suivent une progression cyclique, avec des pics à la rentrée scolaire. Octobre est traditionnellement le plus gros mois en termes d'entrées, devant septembre.

Accessible aux jeunes de 25 ans et moins, l'apprentissage est une formation initiale qui alterne cours théoriques et périodes en entreprise. Pour le rendre plus attractif, le gouvernement a lancé, à la rentrée 2014, une campagne de promotion et un nouveau régime d'aides aux entreprises.

Depuis le 1er septembre, les entreprises de moins de 250 salariés ont droit à une nouvelle prime de 1.000 euros minimum pour tout apprenti supplémentaire. Elle s'additionne à une prime déjà existante de 1.000 euros minimum par an et par apprenti dans les entreprises de moins de 11 salariés. "Le cadre est connu. Maintenant, il faut que les chefs d'entreprise jouent le jeu, que les bonnes intentions se transforment en actes positifs de recrutement", estime le ministère du Travail, tout en admettant que "ça peut prendre un peu de temps".

D. L.