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Assurance-chômage: une première séance de négociations sous tension

Le Medef a d'ores et déjà rejeté toute revalorisation des cotisations.

Le Medef a d'ores et déjà rejeté toute revalorisation des cotisations. - Dominique Faget - AFP

Patronat et syndicats ont débuté lundi une longue procédure de négociations sur le renouvèlement de la convention de l’assurance-chômage. L’UPA, de son côté, a claqué la porte au bout de 10 minutes.

Les partenaires sociaux ont démarré lundi par le dossier des intermittents des négociations sur l'assurance chômage qui s'annoncent difficiles, syndicats et patronat ayant des positions opposées sur les remèdes à apporter à ce régime très endetté, sur fond de chômage record.

Cette première séance n'est guère allée au-delà d'un échange sur les positions des uns et des autres et sur le calendrier, qui prévoit à ce stade cinq autres sessions plénières, les 8 et 24 mars, les 7 et 28 avril et le 12 mai.

Comme le prévoit la loi du 17 août 2015 sur le dialogue social, les organisations représentatives des professions du spectacle entameront jeudi une négociation parallèle sur les règles spécifiques s'appliquant aux intermittents.

Les syndicats unis contre la dégressivité des allocations chômage

"On ne parle pas encore le même langage avec le patronat", a résumé la négociatrice de la CFDT, Véronique Descacq. "Quand on parle incitation à des comportements plus vertueux, nous visons les entreprises qui abusent de la précarité (...). Eux disent qu'il faut inciter les gens à retourner au travail."

Le gouvernement attend notamment de ces négociations de nouvelles règles permettant d'atteindre au moins les 800 millions d'euros d'économies sur les dépenses d'assurance chômage prévus dans la loi de finances 2016. Avec un taux de chômage à plus de 10% de la population active, l'Unedic prévoit en effet un déficit de 3,6 milliards d'euros en 2016, après 4,4 milliards en 2015.

Les syndicats sont cependant unanimes à refuser de faire de la recherche d'économies le point de départ de ces négociations, qui doivent aboutir d'ici le 30 juin, date à laquelle l'actuelle convention arrive à échéance. Ils rejettent ainsi toute idée de rétablir une dégressivité des allocations chômage, évoquée plusieurs fois ces dernières semaines par des membres du gouvernement.

Le patronat divisé

Pour l'ensemble des syndicats, une des priorités est de lutter contre le recours abusif aux contrats courts, alternant avec des périodes de chômage indemnisé, et aux ruptures de contrats de travail des seniors. Les négociateurs de Force ouvrière et de la CGT jugent également possible de trouver des recettes complémentaires, notamment en déplafonnant les cotisations. "Un joueur de football du Paris Saint-Germain qui gagne un million d'euros par mois cotise sur 12.300 euros. Un smicard cotise sur 100% de son salaire", selon Stéphane Lardy, de FO, cité par Reuters. "On demande qu'il y ait un déplafonnement de la cotisation pour que tout le monde cotise sur 100% de son salaire. Ça rapporterait 800 millions d'euros à l'assurance chômage."

Du côté patronal, où l'on rejette d'avance toute idée de revalorisation des cotisations, "la priorité des priorités pour tout le monde doit être d'aider le plus grand nombre possible de chômeurs à retrouver le plus rapidement possible un emploi", a déclaré le négociateur du Medef, Jean Cerutti.

Cette négociation s'est ouverte en pleine polémique sur le projet de loi sur la réforme du Code du travail dévoilé la semaine dernière, unanimement décrié par les syndicats et critiqué par une partie de la gauche, y compris au PS. La CGT a convié neuf syndicats à se réunir mardi pour étudier des "initiatives communes" en riposte au projet de loi de la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

Medef et CGPME doivent pour leur part gérer un conflit interne au patronat : la délégation de l'UPA, opposée à ces deux organisations sur la représentativité patronale, a quitté la salle dix minutes après le début de la réunion.

Y.D. avec agences