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Aux Etats-Unis, les inégalités de  salaires homme-femme perdurent

En 2014, en moyenne, les femmes aux Etats-Unis ont gagné 79% du salaire des hommes, selon une étude annuelle du Census bureau (recensement américain) parue en septembre 2015, soit un écart de 21%.

En 2014, en moyenne, les femmes aux Etats-Unis ont gagné 79% du salaire des hommes, selon une étude annuelle du Census bureau (recensement américain) parue en septembre 2015, soit un écart de 21%. - Paul Morigi-Getty Images North America-AFP

Les salariées ont gagné 21% de moins que les hommes en 2014, outre-Atlantique. La discrimination joue encore. Le débat fait rage entre démocrates, républicains et économistes.

En 2014, en moyenne, les femmes ont gagné 79% du salaire des hommes, selon une étude annuelle du Census bureau (recensement américain) parue aux Etats-Unis en septembre 2015, soit un écart de 21%

La discrimination joue un rôle mais probablement de façon limitée, contrairement aux idées reçues. Pour les économistes, les plus grandes barrières à l'égalité salariale sont moins évidentes. L'écart entre ce que gagnent les femmes et les hommes qui travaillent à plein temps n'a cessé de chuter depuis 30 ans, mais sans jamais disparaître.

C'est la preuve, pour le parti démocrate, que la loi ne va pas assez loin pour mettre les salariées à égalité avec leurs collègues masculins.

La Silicon Valley, toujours aussi sexiste ?

Ce débat est permanent aux Etats-Unis. Dans la Silicon Valley, des femmes dénoncent un climat sexiste où seuls les hommes seraient promus. Pourtant les entreprises du secteur high-tech américain commencent à faire une (petite) aux dirigeantes dans leurs organigrames.

Mais les chercheurs sont formels: une fois prises en compte des variables telles que l'expérience, le niveau d'éducation, le poste et le secteur d'occupation, l'écart tombe à 9%, selon la professeure Francine Blau, spécialiste du sujet.

Une étude descend jusqu'à 5%. Si les hommes gagnent plus, dit-elle, ce n'est plus parce qu'ils sont mieux diplômés: davantage de femmes que d'hommes sortent des universités.

C'est d'abord parce qu'ils monopolisent des professions mieux rémunérées, comme avocats et ouvriers qualifiés, alors qu'enseignants et infirmières sont des professions historiquement féminines.

Les démocrates pour une loi anti-discrimination

"Le chiffre de 79% induit un peu en erreur. C'est un chiffre important, car il résume la différence entre hommes et femmes sur le marché du travail. Mais ce n'est pas pour un travail égal", dit à l'AFP Francine Blau, de l'Université Cornell.

La discrimination joue probablement un rôle dans l'écart inexpliqué, mais il est difficilement quantifiable. Certains militants arguent que l'écart réel, même inférieur à 20%, reste conséquent: "des centaines de milliers de dollars sur toute une vie", calcule Vicki Shabo, vice-présidente du National Partnership for Women and Families.

En quête du vote féminin, les démocrates n'ont pas de mots assez durs contre les républicains, qui bloquent au Congrès une loi renforçant la législation fédérale anti-discrimination.

La Californie, dirigée par les démocrates, vient de durcir sa législation sur ce modèle. La charge de la preuve y est désormais renversée: en cas de plainte, ce seront les employeurs qui devront prouver qu'ils ne discriminent pas.

Mais les conservateurs et les économistes craignent que ce type de loi ne détourne l'attention de solutions qui pourraient mieux promouvoir l'accès des femmes aux professions hautement rémunérées.

Les femmes se détourneraient de certains secteurs d'activité

"On ne peut pas tenir l'employeur responsable de normes culturelles sur lesquelles il n'a aucun contrôle", dit Andrew Biggs, économiste au centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute. Il ne faut pas confondre discrimination et choix individuels de carrière, dit-il.

Francine Blau, de l'université Cornell, souligne que les femmes ont tendance à éviter les secteurs très compétitifs. Il est plus mal vu, pour une femme, de négocier son salaire. Surtout, les femmes sont plus souvent chargées de s'occuper des enfants, et évitent les entreprises qui n'offrent pas de flexibilité horaire ou de télétravail.

Pour aider les femmes à intégrer certaines carrières, l'une des réformes les plus efficaces pourrait être de tout simplement faciliter la garde d'enfants, dont le coût est élevé aux Etats-Unis, alors que l'école publique ne commence qu'à cinq ans.

BFM Business avec AFP