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Avant la loi Macron, 1 Français sur 5 travaillait déjà le dimanche

Un actif sur 5 a travaillé au moins un dimanche sur un mois de 2014, selon les données publiées par la Dares.

Un actif sur 5 a travaillé au moins un dimanche sur un mois de 2014, selon les données publiées par la Dares. - Mychele Daniau - AFP

En 2014, un actif sur cinq a travaillé le dimanche selon les données publiées ce jeudi par le ministère du Travail. Principalement des employés déjà habitués aux horaires atypiques.

Les Français n'ont pas attendu la loi Macron pour se rendre au travail le dimanche. En attestent les chiffres publiés ce jeudi 22 octobre par le ministère du Travail. Ainsi, l'année dernière, un actif sur cinq s'est rendu au travail le deuxième jour du week-end, au moins une fois dans un mois.

La Dares, le bureau de statistiques du ministère du Travail, a obtenu ces données sur une période d'observation de quatre semaines. Elle a établi que 18% des salariés ont travaillé au moins un dimanche (4,2 millions de personnes). Les deux tiers (12%) disent avoir travaillé au moins deux dimanches. Parmi ceux-là, 35% sont employés dans le secteur public.

Les indépendants particulièrement concernés

La proportion est encore plus importante chez les indépendants. Les non-salariés interrogés sont ainsi 38% à avoir passé au moins un dimanche à travailler, dont une très large majorité (29%) au moins deux dimanches.

Cette étude fait écho aux débats qui ont agité l'examen de la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, qui a étendu l'ouverture des commerces le dimanche par décision du maire et, dans certaines zones, sous réserve d'un accord négocié, et a été combattu par une partie du PS et à sa gauche.

Le travail dominical touche essentiellement les secteurs de la sécurité, des services de soins et ceux dits de "continuité de la vie sociale", c'est-à-dire dans l'hôtellerie-restauration, les transports, les commerces, et les activités culturelles ou de loisir. Près des deux tiers (64%) des salariés ayant travaillé au moins deux dimanches sont issus de ces secteurs qui n'emploient qu'un peu plus de 27% du total des salariés en France. Sont d'abord concernés les employés (24% disent travailler le dimanche), puis les cadres et professions intermédiaires (18%) et les ouvriers (12%).

Le dimanche… et le samedi

Dans certaines professions, une majorité ou une très grande part des personnels sont mobilisés un dimanche sur deux au moins. C'est le cas des gendarmes (54%), des aides-soignants et infirmiers dans les hôpitaux (58% et 39%), du personnel des cafés, hôtels et restaurants (49% en moyenne), et des hôtesses de l'air et stewards (58%).

Chez les cadres et les enseignants, l'autonomie se traduit par le fait de ramener du travail chez soi: quatre enseignants sur dix disent avoir travaillé au moins un dimanche sur le mois précédent, proportion qui monte à 50% dans le secondaire.

Le travail le dimanche, lorsqu'il est fréquent, signifie le plus souvent travail le samedi: 91,4% des salariés qui disent avoir travaillé au moins deux dimanches ont aussi travaillé au moins deux samedis, et 60,3% de ceux qui ont travaillé un seul dimanche ont aussi travaillé un seul samedi.

Des secteurs plutôt féminins

De même, il concerne davantage les salariés qui ont aussi des horaires atypiques : 63,3% de ceux qui ont travaillé au moins une fois ce jour-là l'ont également fait le soir, contre 14,1% de ceux ne travaillant jamais le dimanche. Près d'un salarié sur trois sollicité au moins un dimanche par mois réalise également des heures de nuit (30,7%) contre 4,7% de ceux qui ne travaillent jamais le dimanche et 9,5% de l'ensemble des salariés.

L'étude souligne encore que les secteurs concernés sont plutôt féminins, puisque 85% des salariés dans le domaine des services de santé sont des femmes, 55% dans celui de la continuité de la vie sociale et 64% dans l'enseignement.

Chez les non-salariés, l'activité se concentre sur les mêmes secteurs, auxquels s'ajoute l'agriculture: 95% des éleveurs ont travaillé au moins deux dimanches. C'est aussi le cas de 81% des patrons de boulangerie ou pâtisserie, 83% des patrons bouchers ou charcutiers, et de 60% des exploitants de cafés, restaurants ou hôtels.

N.G. avec Reuters