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CGT: l’avenir de Thierry Lepaon s’assombrit encore

Thierry Lepaon est sur un siège éjectable après plusieurs polémiques concernant son train de vie.

Thierry Lepaon est sur un siège éjectable après plusieurs polémiques concernant son train de vie. - Joel Saget - AFP

Le dirigeant, sur la sellette après plusieurs polémiques sur son train de vie, a affronté les cadres de l’organisation syndicale, lundi 15 décembre. Mais ses soutiens se comptent désormais sur les doigts de la main.

Poussé avec insistance vers la sortie, Thierry Lepaon s’accroche toujours à son poste. Mais son débarquement pourrait n’être qu’une question de jours. Lundi 15 décembre, le numéro un de la CGT a pourtant tenté une manœuvre afin d’inverser la tendance, convoquant les dirigeants des fédérations et des unions départementales au siège de la centrale à Montreuil, avec pour seul ordre du jour la crise qui ébranle le premier syndicat français.

Une initiative qui a réuni l’ensemble des membres du comité confédéral national (CCN) (le "parlement" de la CGT), mais de manière informelle. L’objectif était de convaincre ce même parlement avant sa réunion exceptionnelle -et officielle- le 13 janvier prochain, puisque lui seul possède le pouvoir de destituer le secrétaire général. Son ordre du jour sera établi ce mardi par la commission exécutive (exécutif élargi).

Une majorité des organisations favorables à la démission de Lepaon

Malheureusement pour Thierry Lepaon, cela ne devrait pas suffire à le maintenir en poste. "Une majorité large de la cinquantaine d'organisations qui se sont positionnées, a demandé la démission de Thierry Lepaon et/ou du bureau confédéral", a en effet indiqué à l'AFP une source interne, à l'issue de la rencontre.

Selon un responsable d'une grande fédération, Thierry Lepaon, qui ne s'est pas prononcé publiquement sur sa possible démission récemment, a dit lors de la réunion: "Si d'aventure je fais le constat que je ne suis pas le rassembleur, j'en assumerai les conséquences".

Mais avant la réunion, plusieurs fédérations avaient réclamé sa tête et proposé des solutions pour l'après-Lepaon. "La meilleure solution pour rassembler la CGT est la démission de Thierry Lepaon" dans "les plus brefs délais", a ainsi voté dans une motion la fédération des services publics, la plus puissante de la centrale. Elle lui a donné jusqu'au 13 janvier pour en décider, prévenant que dans le cas contraire elle serait "porteuse d'un mandat de révocation" lors du CCN. Même décision de la part de la fédération de la fonction publique (UGFF) qui souligne "la nécessité d'une cessation urgente des fonctions du secrétaire général".

Les tensions internes renforcées

Ces deux fédérations proposent la mise en place d'une "direction collégiale" sous le contrôle du "parlement", pour éviter une bataille de succession à l'image de celle qui a secoué le syndicat en 2012. Le prochain congrès est prévu en 2016.

Pour l'heure seul l'administrateur-trésorier Eric Lafont, qui avait validé les travaux polémiques dans l’appartement et le bureau de Thierry Lepaon, a démissionné. Le recul du premier syndicat français dans de récentes élections professionnelles, notamment dans la fonction publique, a en outre renforcé les tensions internes. Dans un texte publié dans L'Humanité lundi, Georges Séguy, ex-leader historique de la CGT, s'est dit convaincu que le parlement du syndicat "parviendra, dans l'esprit d'unité qui a toujours prévalu" à "trouver la solution qui s'impose d'urgence".

Yann Duvert avec AFP