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CGT: Philippe Martinez va-t-il devenir le nouveau secrétaire général?

Philippe Martinez doit obtenir, ce mardi, le feu vert du Parlement de la CGT, ce qui est loin d'être gagné

Philippe Martinez doit obtenir, ce mardi, le feu vert du Parlement de la CGT, ce qui est loin d'être gagné - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

Philippe Martinez va être proposé ce mercredi 13 janvier pour prendre la succession de Thierry Lepaon à la tête de la confédération syndicale. Il faudra pour cela que le “parlement” de la CGT lui donne son feu vert, ce qui est loin d'être gagné.

Philippe Martinez n’est plus qu’à un pas de la tête de la CGT. Mais il s’agit du plus difficile à franchir. Lundi, le numéro un de la fédération de la métallurgie a officiellement été proposé par Thierry Lepaon pour lui succéder.

La Commission exécutive de la CGT, c’est-à-dire la direction élargie, a validé à une courte majorité cette proposition ainsi que celles des neufs autres membres qui devront former le nouveau bureau confédéral, la direction resserrée du syndicat.

Mais le plus dur reste à faire. Ce mardi 13 janvier, le Comité confédéral national (CCN) doit à son tour examiner ces propositions. Et son feu vert est crucial: seul ce “parlement” à les prérogatives nécessaires pour valider une nouvelle direction, à la majorité des deux-tiers. Or le vote de ce mardi 13 janvier est loin d'être acquis, notamment parce que le processus choisi pour trouver un successeur à Thierry Lepaon n’a pas forcément plu au sein de la centrale syndicale.

Des "débats houleux" en perspective

Les noms de Philippe Martinez et des neuf autres membres sont, en effet, venus d’un “groupe de travail” chargé d’élaborer des propositions pour assurer l’après-Lepaon. Or ce groupe de travail a été présidé par Thierry Lepaon lui-même. Et trois des quatres autres membres de ce groupe étaient des proches du futur-ex-patron de la CGT.

Ainsi, si la Commission exécutive a validé ce procédé, il est fort possible que le CCN choisisse lui de marquer son opposition. "La Commission exécutive s'est décrédibilisée. En quoi un collectif de cinq personnes, dont Thierry Lepaon, peut décider de composer une nouvelle direction", s’interroge un cadre dirigeant de la CGT, cité par l’AFP. "Il s'agit d'empêcher le CCN de débattre d'autres solutions" et "peut-être de remettre les mêmes et recommencer avec du copinage", dénonce-t-il. Une autre source interne prédit des "débats houleux" au sein du "parlement" de la CGT.

Une majorité compliquée

De plus, le CCN, une instance composée des responsables des fédérations et des unions départementales, a plusieurs fois mis en échec les numéros un de la centrale syndicale. Le prédécesseur de Thierry Lepaon, Bernard Thibault avait ainsi vu la candidature de son héritière désignée, Nadine Prigent, être refusée par la CCN, en mai 2012.

Autant d’éléments qui risquent de priver Philippe Martinez des deux-tiers des voix dont il a besoin pour arriver à la tête de la centrale syndicale. L’ancien employé de Renault peut, certes, compter sur ses soutiens pour rallier les voix précieuses de certaines fédérations. Celles de la métallurgie lui semblent logiquement déjà promises. Idem pour celles de La Poste dont la dirigeante, Colette Duynslaeger, fait partie des nouveaux membres proposés pour participer au bureau confédéral. 

En revanche, la fédération des services publics, la première de la CGT, a fait savoir qu'elle voterait contre Philippe Martinez, jugeant que ce dernier s'est "déconsidéré" en acceptant le diktat de Thierry Lepaon. Il en est de même pour la deuxième fédération, celle de la santé, qui est allée contre l'avis de sa numéro un, Nathalie Gamiochipi, "très proche" de Philippe Martinez.

Julien Marion avec AFP