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Code du travail: Macron doit-il craindre la rentrée sociale?

Jean-Luc Mélenchon a promis une opposition "complète" à la réforme du code du travail.

Jean-Luc Mélenchon a promis une opposition "complète" à la réforme du code du travail. - Thomas Samson - AFP

La réforme du droit du travail, que le gouvernement entend faire passer par ordonnances, ne se heurte pas pour l’instant à une opposition massive. Mais la situation pourrait évoluer.

Jusqu’ici, tout va bien. Les concertations entre les partenaires sociaux et le gouvernement se déroulent pour le moment sans accroc. Mais seul comptera l’atterrissage de cet objet, encore non identifié, que constitue la réforme du code du travail.

Mercredi, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a présenté le projet de loi d’habilitation, qui permettra de légiférer par ordonnance dès cet été, via une procédure accélérée. Une méthode qui avait suscité quelques crispations dans les rangs des syndicats lors de la campagne présidentielle, mais qui semble désormais avoir été acceptée.

Pour autant, tout reposera sur le contenu desdites ordonnances. Et de l’ampleur du bouleversement de la hiérarchie des normes, promis par Emmanuel Macron et accordant plus de "flexibilité" aux entreprises. Le plafonnement des indemnités prud’homales, ou l’extension des "contrats de chantier" à d’autres secteurs que le BTP inquiètent.

Plus globalement, les organisations syndicales redoutent qu’une place trop importante ne soit accordée aux négociations d’entreprises, au détriment des accords de branche.

Force Ouvrière adopte une position modérée

Mais pour l’heure, l’opposition à la future réforme semble contenue. Outre la CFDT, traditionnellement encline au dialogue, Force Ouvrière a envoyé des signaux positifs, par la voie de son leader Jean-Claude Mailly. "Pendant la campagne, on avait des déclarations donnant la primauté à l’entreprise. Aujourd’hui, cela va dans le bon sens, et la branche reprend de la vigueur. Mais, à la fin, on ne sait pas où le curseur tombera", a en effet déclaré ce dernier au Monde.

Une donnée importante pour le gouvernement, qui se souvient que FO s’était mobilisée contre la loi El Khomri il y a presque un an. Mais qui ne devrait pas suffire à calmer la fronde menée par la CGT, même si celle-ci n’a pas (encore?) claqué la porte des négociations.

"La conférence de presse de la ministre du Travail (...) confirme ce que la CGT craint depuis le début du mois de juin: (...) des attaques portées au monde du travail d’une importance jamais égalée, participant d’une généralisation de la précarité", a ainsi réagi l'organisation dans un communiqué, peu après l’intervention de Muriel Pénicaud. Et a déjà appelé à une grève massive le 12 septembre prochain.

La contestation se jouera aussi dans l'hémicycle

La confédération pourra en outre compter sur le relais de certains parlementaires, et non des moindres. Jean-Luc Mélenchon, président du groupe La France insoumise à l'Assemblée, a déjà promis mercredi une opposition "complète", promettant de "rallier toutes les populations" contre la future réforme. Le groupe socialiste, nouvellement renommé Nouvelle gauche, devrait également faire entendre ses désaccords. Tandis qu’à l’autre bout de l’échiquier politique, le FN devrait garnir les rangs de l’opposition.

Une opposition qui aura pour but de gagner la bataille de l’opinion publique. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, plus de six personnes interrogées sur dix (61%) se disent déjà inquiètes de la volonté du gouvernement de réformer le droit du travail, et quasiment la même proportion (58%) se déclare opposée au recours aux ordonnances pour légiférer dans ce domaine. Et c’est bien sur ce terrain que l’ampleur de la contestation se mesurera.