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Comment gérer un collègue fainéant?

Il faut agir en douceur, mais avec fermeté, en mettant en place une stratégie pour que  le tire-au-flanc mérite enfin son salaire.

Il faut agir en douceur, mais avec fermeté, en mettant en place une stratégie pour que le tire-au-flanc mérite enfin son salaire. - BFM Business

Ponctuel, aimable et sociable, ce collaborateur possède cependant un gros défaut: il ne fait rien, ou pas grand-chose, et multiplie les excuses quand vous le questionnez sur les tâches qu'il est censé accomplir. Il est temps de le remettre -habilement- dans le droit chemin.

Pour survivre dans le milieu professionnel, les personnes fainéantes ont un atout maître: elles savent se rendre sympathique aux yeux de tous. Eh oui, si les paresseux étaient antipathiques, ils seraient très rapidement démasqués et montrés du doigt par leurs collègues. Car pour assumer ses manquements, le tire-au-flanc doit à tout prix éviter l'isolement. "Etre fainéant demande une certaine maîtrise de la psychologie humaine. Car ce genre de personne aime à se reposer sur des gens perfectionnistes, des personnes consciencieuses, autant de bons soldats qui finiront pas faire son travail", résume Patrick Amar, dirigeant du cabinet de management Axis Mundi et auteur de Psychologie du Manager (Edition Dunod).

Un excellent communiquant

Autre atout du paresseux: il sait aussi se mettre en valeur. Il est en effet souvent un bon communicant, et n'hésite pas à porter à son crédit le travail accompli par d'autres. Le fainéant est aussi maître dans l'art de l'évitement.

Vous lui demandez des comptes sur l'avancement de tel dossier? Alors qu'il n'a rien entrepris, il vous répondra droit dans les yeux que tel service n'a pas fait son travail, tel collègue ne lui a pas fourni les pièces nécessaires. Et le fait plus caractéristique, et le plus horripilant pour un manager, c'est qu'il est incapable de s'engager sur des délais. Et naturellement, ce scénario ne fait que se répéter.

Se questionner en tant que manager

Bref, vous perdez patience, vous avez envie que cet indolent se mette enfin au travail! Même si votre énergumène répond trait pour trait à ce descriptif, il faut tout de même s'assurer que le problème tient bien de la fainéantise. "Peut-être que ce sentiment s'appuie sur des valeurs différentes, dû par exemple à un fossé générationnel", met en garde Patrick Amar. "La génération Y privilégie par exemple l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et ne voit donc pas forcement l'intérêt d'enchaîner les heures supplémentaires".

De plus, il faut aussi se remettre en cause en tant que manager: lui a-t-on fourni des consignes claires? Ne lui a-t-on pas donné trop de travail ou bien en dehors de ses compétences? Ce n'est qu'une fois que le diagnostic est clairement établi, que l'on doit prendre les choses en main. Et attention, il faut agir avec fermeté mais en douceur, en mettant en place une stratégie pour qu'il mérite enfin son salaire.

Etablir un planning à court terme

La clé de la réussite: établir un planning à court terme des tâches à effectuer. Attention, pour que le collaborateur ne se sente pas pris à la gorge, il ne faut pas prendre un ton accusatoire. Toute la subtilité pour le manager est d'adopter une attitude bienveillante. Qui peut notamment conduire à vérifier que les équipes sont coopérantes avec lui, à lui fournir de l'aide pour mobiliser les ressources ou les contacts qui lui permettent d'atteindre ses objectifs. "Il ne faut pas hésiter à lui arracher des engagements, en posant des questions simples comme 'qu'auras-tu fais dans deux jours', et lui demander de notifier par mail la façon dont va être menée telle mission", conseille Patrick Amar.

Si malgré ces précautions, le travail n'est pas fait, il faut faire un rappel à l'ordre immédiat "il ne s'agit pas d'humilier la personne, il faut lors d'un rendez-vous en privé lui demander des explications sur ses manquements", préconise le consultant.

Mettre au grand jour son inaction

Attention toutefois à ne pas sombrer dans un huis-clos. Car la personne qui voit ainsi votre surveillance s'intensifier pourrait alors se défendre en vous accusant de harcèlement. C'est pourquoi dans un second temps, il faut faire en sorte que son inaction devienne de notoriété publique. Il faut pour cela lui confier des projets collaboratifs, où l'équipe entière ne pourra faire autrement que de réaliser qu'il ne prend pas en charge sa part du travail.

"Cela a aussi l'avantage de vous décharger, car vous ne serez plus seul à palier ses manquements", met en avant Patrick Amar. Mais surtout, cela va déstabiliser la stratégie de l'indolent en question qui, pour laisser libre court à ses penchants naturels, doit passer inaperçu. "Plus il est visible, plus il craint de faire consensus contre lui. Il n'aura donc d'autre choix que de s'y mettre". Allez au boulot maintenant !

Coralie Cathelinais