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Jean-Claude Decaux quitte la présidence de son groupe

Les salariés de l'entreprise en 1973.

Les salariés de l'entreprise en 1973. - -

Le fondateur du groupe, devenu leader mondial de la publicité en extérieur, passe à 75 ans le flambeau à son fils le 15 mai. Retour sur une saga industrielle hors du commun.

Jean-Claude Decaux, le fondateur du groupe éponyme, va abandonner la présidence du conseil de surveillance, mercredi 15 mai à l'âge de 75 ans. C'est son fils, Jean-Charles, qui va prendre les rênes de l'entreprise.

Depuis presque soixante ans, Jean-Claude Decaux a inventé les objets qui font partie de notre quotidien de citadin. Ces créations ont fait de JCDecaux une référence mondiale et une saga industrielle française hors du commun. En voici les principales étapes.

1955 : La publicité sur autoroute

Jean-Claude Decaux fonde une société qui fabrique des placards publicitaires d'autoroute. Mais le gouvernement fait passer une loi qui taxe fortement ce dispositif. L'homme d'affaires cherche un nouveau moyen de séduire annonceurs et collectivités locales qui lui permettra de relancer son entreprise.

1964 : Naissance de l'Abribus

JCDecaux invente l'Abribus, et commence à en installer à Lyon. La municipalité n'investit pas d'argent public puisque c'est l'annonceur qui finance le support de sa publicité. L'idée plaît, d'autres villes sont vite conquises (Grenoble, Angers, Poitiers).

Le mot "Abribus", comme celui de "Frigidaire", est une marque déposée. Abribus s'orthographie d'ailleurs avec une majuscule. L'abri sous lequel on se place en attendant le bus est bien moins connu sous son nom original : une aubette.


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1970 : Decaux développe les panneaux directionnels

Les premiers panneaux d'affichage et d'information, que Decaux appelle "Mobilier urbain pour l'information", fleurissent dans les rues des grosses agglomérations. En 1974, il lance les panneaux de signalisation directionnels, qui ont ceci de nouveau qu'ils sont "caissonnés". On peut donc mettre de l'éclairage à l'intérieur.

1980 : Les sanitaires publics auto-nettoyants


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JCDecaux installe les premiers sanitaires publics à Paris. L'entreprise propose des toilettes à entretien automatique. Depuis 2006, leur accès est même gratuit.

Parallèlement, JCDecaux va profiter de cette décennie pour s'exporter en Europe du Nord, en Allemagne et aux Pays-Bas. Au début des années 90, l'entreprise s'aventurera plus loin, aux Etats-Unis et en Asie Pacifique.

1981: La mairie s'adresse à ses administrés

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Les premier "Journaux électroniques d'information" apparaissent. Ce sont ces fameux panneaux sur lesquels se forment en lettres de lumières vertes des messages pratiques de la municipalité pour ses citadins. Campagnes de vaccination, spectacles, activités culturelles : c'est encore ainsi que 30 ans plus tard, les citoyens sont informés de l'actualité de leur ville.

1986 : Les colonnes Morris deviennent multifonctions

La société acquiert les colonnes Morris, ces colonnes vertes de style Art Nouveau, plantées sur les rues parisiennes, exhibant leurs affiches de spectacles et films. JCDecaux y intègre des sanitaires, des bornes internet, des distributeurs de billets ou des kiosques à journaux.

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1999 : Decaux envahit les gares et aéroports

Le groupe acquiert Avenir, qui détient notamment Havas Media Communication. Un achat qui lui permet d'entrer sur le marché des aéroports et de l'affichage grand format. Il devient leader mondial de la publicité en extérieur et voit son chiffre d'affaires doubler.

2001: cotation à la Bourse de Paris sur l'Eurolist d'Euronext. Coté sur trois indices (Euronext 100, CAC Mid 100 et CAC IT 20)

2002 : Les héritiers et le début d'une saga familiale

Jean-Claude Decaux laisse la direction de l'entreprise à ses deux fils, Jean-François, l'aîné, âgé de 54 ans (à droite sur la photo), et Jean-Charles, le cadet, âgé de 43 ans (à gauche sur la photo). Tous deux co-directeur général de JCDecaux, assurent une année sur deux la présidence du directoire. En 2013, c'est au tour de Jean-Charles.


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Le 5 avril, quand il annonce à ses collaborateurs qu'il compte passer la main, le dirigeant insiste sur le caractère "familial de l'entreprise" et appelle la troisième génération à s'investir. L'aînée de ses petits-enfants, Alexia Decaux-Lefort, est proposée comme future membre du conseil de surveillance.

2005 : Le carton du vélo en libre-service

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Après avoir expérimenté le système en Autriche et en Espagne, Jean-Claude Decaux, dont le cyclisme est le sport favori, déploie les Vélo'v à Lyon en mai. Le concept sera décliné à Paris en 2007 sous le nom de Veli'b. Le principe de base reste le même : c'est la réclame qui paie l'installation des services. Le succès est, encore une fois, au rendez-vous : en septembre 2011, les vélos Decaux, présents dans dix pays, ont été loués 200 millions de fois en libre-service.

2012 : Une activité prospère

L'entreprise, déployée dans 55 pays, publie au titre de 2012 un chiffre d'affaires en hausse de 6,5% à 2,6 milliards d'euros, dont à peu près 25% en France.

Son bénéfice s'élevait à 213 millions d'euros en 2012. Le groupe, seul présent dans les trois métiers de la communication en extérieur, est leader dans ces branches : n°1 mondial du mobilier urbain, n°1 mondial de la publicité dans les aéroports, et n°1 mondial du vélo libre-service.

Nina Godart