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Florange: le compromis critiqué par les syndicats et l'opposition

Jean-Marc Ayrault n'a reçu le soutien que de deux de ses ministres

Jean-Marc Ayrault n'a reçu le soutien que de deux de ses ministres - -

Critiqué par les syndicats, en partie désavoué par son Premier ministre, Arnaud Montebourg est resté muet. Le groupe Mittal, lui, s'est satisfait d'un "bon accord".

Le compromis sur l'avenir du site de Florange annoncé vendredi soir par Jean-Marc Ayrault a été fraîchement acueilli par les syndicats. Le représentant CFDT Edouard Martin a même qualifié le premier ministre de "traître". La CFDT "a le sentiment d'avoir été une nouvelle fois trahie. Nous n'avons aucune confiance en M. Mittal. On exige une réunion tripartite, avec la garantie de l'Etat qui obligera M. Mittal à honorer ses engagements".

Edouard Martin a même menacé : "Nous avons été le cauchemar de Sarkozy, on pourrait être celui de ce gouvernement. Les rénovations et les investissements, c'est maintenant que nous les voulons, pas dans cinq ans. Nous exigeons que les travaux de rénovation démarrent tout de suite".

Le ton est donné. Si le responsable de la fédération de la métallurgie de Force Ouvrière, Frédéric Souillot, s'est déclaré "satisfait", il a toutefois redouté de la "poudre aux yeux".

Le maire de Florange "sceptique"

De son côté, le maire PS de Florange Philippe Tarillon s'est dit "sceptique", même s'il a qualifié l'accord "d'acceptable dans son principe. Comme les salariés j'ai du mal à croire en la parole" de Mittal.

Pour sa part, le Parti communiste estime que ce compromis laisse les salariés "dans les griffes de Mittal".

Critique en règle aussi de la part de Jean-François Copé, président proclamé de l'UMP, pour qui "les multiples revirements du gouvernement" sont "très inquiétants, et donnent le sentiment d'une forme d'improvisation au sommet de l'Etat".

Arnaud Montebourg désavoué

Côté majorité, le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg n'a pas réagi. Il faut dire que Jean-Marc Ayrault l'a désavoué sur deux points : le Premier ministre a rejeté une nationalisaiton et affirmé qu'il n'y avait pas de repreneur crédible. "Absurde de discréditer son ministre", a réagi sur Twitter la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann. "Montebourg désavoué par Ayrault", a commenté, toujours sur Twitter, l'ancienne ministre UMP Nadine Morano.

Samedi pourtant, le Premier ministre a voulu faire taire les mauvaises langues en saluant l'action de son ministre, "qui n'a pas ménagé sa peine" pour tenter de trouver une solution. Des efforts qui, selon Jean-Marc Ayrault, ont contribué "à créer un rapport de forces favorable à la conclusion de l'accord".

Michel Sapin promet "d'autres alternatives"

Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a de son côté promis que "le gouvernement suivra constamment et avec vigilance les engagements pris par Mittal. Il ne s'agit pas là d'un cadeau mais d'un pacte, d'un contrat".

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a abondé dans son sens, promettant d'être "extrêmement attentif à ce que les engagements fermes et inconditionnels soient tenus par M. Mittal, compte tenu de ce que les salariés ont pu connaître, des batailles qu'ils ont menées, et que M. Mittal leur a volées en ne tenant pas ses promesses".

Le ministre a assuré que si Lakshmi Mittal ne tenait pas ses engagements, "d'autres alternatives, toujours prêtes à intervenir, seraient promues par le gouvernement", y compris la nationalisation.

Un "bon accord" pour ArcelorMittal

Finalement, le plus satisfait a été le groupe ArcelorMittal lui-même. Par la voix d'un de ses responsables, Henri Blaffart, celui-ci a jugé samedi "positif" le fait d'avoir trouvé un "bon accord" avec le gouvernement sur l'avenir du site de Florange.

BFMbusiness.com et AFP