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Gattaz sur le code du travail: "Il ne faut pas que la main du Président tremble"

Pierre Gattaz face à Hedwige Chevrillon

Pierre Gattaz face à Hedwige Chevrillon - BFM Business

En ouverture de l'université d'été du Medef et à deux jours de l'annonce des ordonnances sur réforme du marché du travail, le patron des patrons était interviewé sur BFM Business. Il a évoqué la réforme du code du travail mais aussi le CICE et sa succession.

Cette 19e université d'été du Medef arrive à point nommé. Ouverte ce mardi, elle débute deux jours à peine avant que le gouvernement lève le voile sur les fameuses ordonnances sur sa réforme phare, à savoir la refonte du code du travail.

Au micro de BFM Business, le président du Medef est évidemment revenu sur ce sujet, qui constitue une opportunité à ne pas manquer mais il a également brassé de nombreux autres thèmes.

> Code du Travail

Pierre Gattaz a commencé par louer la démarche d'Emmanuel Macron qui a inséré dès le début cette vaste réforme dans son programme présidentiel. "Emmanuel Macron a passé des mois à dire qu'il fallait déverrouiller le marché du travail. Il a la légitimité, avec les scores qu'il a fait, de mener à bien cette réforme, qui est essentielle pour le renouveau et le redécollage de la France", a-t-il affirmé.

Mais "il ne faut pas que la main du président tremble", prévient-il, "car cette réforme, on l'attend depuis des décennies pour le bien de nos salariés, de nos collaborateurs, de nos entreprises".

"L'obstacle vient jeudi" et "il faut le franchir", poursuit le patron des patrons. "Tout le monde applaudira y compris les forces internationales, les investisseurs qui nous regardent", enchaîne Pierre Gattaz. Et d'insister: "Sur le marché du travail il est fondamental de sauter l'obstacle et de ne pas faire de refus d'obstacle comme les dernières fois".

Concernant le fond, il considère que le bloc 1, la première grande partie de la réforme (l'articulation entre les domaines relevant des accords de branche et des accords d'entreprise) n'est "pas génial" mais va "dans le bon sens". Il a revanche jugé le bloc 2 (qui contient la mesure permettant aux TPE-PME de négocier avec un représentant du personnel non affilié à un syndicat) "essentiel". Selon lui, l'impossibilité de discuter avec des salariés non mandatés par des syndicats est "un verrou fondamental pour que nos TPE-PME grandissent en ETI".

Sur les futurs plafonds des indemnités prud'homales, Pierre Gattaz met en garde le gouvernement: "Si vous faites un plafond et ajoutez comme exception les indemnités liées à la discrimination et le harcèlement, cela nous va bien. Si vous ajoutez une ribambelle d'exceptions et de contraintes cela ne fonctionnera pas".

Et de rappeler que l'enjeu est éminemment économique: "Un patron qui n'est pas content ne défile pas dans la rue. Il attend, il n'embauche plus, il n'investit plus, il n'a plus confiance et la confiance c'est 50% du business". "2017 peut être le début d'une belle aventure pour baisser le chômage", a-t-il néanmoins conclu.

> CICE et coût du travail

Après avoir longtemps réclamé la transformation du CICE en baisse de charges, Pierre Gattaz ne souhaite plus qu'Emmanuel Macron procède à cette mesure, prévue pour 2019. "Si vous transformer le CICE il faut le transformer sans augmenter le coût du travail or le système d'Emmanuel Macron risque d'augmenter de 7 milliards le cout du travail entre 1,5 et 2,5 Smic", ce qui serait "complétement contre-productif".

> Sa succession

Le mandat de Pierre Gattaz s'achèvera en juillet 2018 et un autre patron lui succèdera. Sur ce sujet, le patron des patrons a rappelé que sa succession serait "ouverte le 1er janvier. Et qu'avant cela, "on bosse". Il a néanmoins affirmé qu'il "n'y a pas de candidat idéal" et qu'il "ne soutiendra personne".

Un livre et 60 idées pour Emmanuel Macron

Le président du Medef a co-écrit un ouvrage de 530 pages, 60 idées pour Emmanuel Macron, qui sortira en octobre, et qu'il a rédigé avec la patronne de l'incubateur Paris Pionnières, Marie Georges.

Invitée de BFM Business, cette dernière explique la démarche: "Nous avons rassemblé 60 idées que nous voulions valoriser" pour "montrer que l'esprit entrepreneurial souffle sur la France bien au-delà de l'entreprise classique", citant par exemple "un label de designers qui propose de travailler sur la simplification de l'État. Les idées sont soumises en grande majorité par des inconnus même si l'on trouve quelques noms connus (Agnès Verdier-Molinié, Nicolas Bouzou). Au total 50% de femmes et 50% de personnes venant de la société civile. Parmi les idées soulevées, Marie Georges a évoqué le revenu universel, une journée des grands-parents ("pour institutionnaliser le rôle des grands-parents dans la société française") ou encore l'instauration de dix minutes de méditation dans l'entreprise.

J.M.