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Emploi

Journée cruciale pour GM&S

Les salariés de GM&S attendent toujours d'être fixés sur leur sort.

Les salariés de GM&S attendent toujours d'être fixés sur leur sort. - Pascal Lachenaud - AFP

Le Tribunal de commerce de Poitiers examinera ce mercredi l'offre de l'emboutisseur GMD en vue d'une éventuelle reprise. Dans le même temps, Bruno Le Maire va rencontrer des salariés au siège de l'entreprise.

Le sort de l'équipementier automobile creusois GM&S et de ses 277 salariés est suspendu à la décision du Tribunal de Commerce de Poitiers, qui examine ce mercredi l'offre de l'emboutisseur GMD.

Cette nouvelle journée cruciale pour GM&S intervient sur fond de déclarations contradictoires de Bercy, Peugeot PSA et GMD, ainsi que d'efforts du gouvernement pour sauver la deuxième entreprise privée de la Creuse dans un département fortement désindustrialisé.

Signe de l'enjeu pour l'exécutif, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a annoncé qu'il voulait rencontrer mercredi les salariés et les syndicats de GM&S à la mairie de La Souterraine, où se trouve l'usine de l'entreprise creusoise, pour "un point d'étape" sur les négociations.

Mais la CGT a fait monter les enchères, refusant une rencontre à La Souterraine et proposant un rendez-vous à Villeroy (Yonne). C'est là que, depuis mardi matin, la CGT et une centaine de salariés de GM&S arrivés en cars depuis La Souterraine a fait monter la pression en bloquant une plateforme logistique de pièces détachées de Renault, le groupe automobile étant, avec Peugeot, le principal pourvoyeur du chiffre d'affaires de GM&S. Selon les informations de BFMTV, le ministre de l'Économie, accompagné du secrétaire d'État Benjamin Griveaux, ne se pliera pas aux exigences du syndicat et se rendra bien à La Souterraine. 

Les responsables de la CGT posent "deux conditions" à la levée du blocage, demandé par Bruno Le Maire : que Renault "formalise ses engagements par écrit" et que le constructeur abonde à une indemnité de licenciement supra-légale pour ceux des 277 salariés qui ne seraient pas repris par GMD. L'emboutisseur, dont la principale usine est à Saint-Etienne (Loire), propose en effet le maintien de seulement 120 emplois.

GMD pose ses conditions

De son côté, l'unique repreneur potentiel GMD pose ses conditions : son PDG, Alain Martineau, va expliquer au Tribunal de Commerce que "l'ensemble des conditions suspensives ne sont pas levées", a-t-il déclaré à l'AFP mardi soir.

Et d'ajouter que "s'il n'y a pas de prolongation de la période d'observation, notre offre ne sera pas finalisée". L'un des autres points restant à discuter : le bail proposé, qui est pour le patron de GMD "hors cadre": "La SCI (Société civile immobilière) propriétaire propose de faire supporter au locataire les frais d'entretien des locaux pendant six ans, ce qui n'est pas acceptable", a-t-il dit mardi soir.

Autre condition nécessaire à la reprise: "L'adhésion des salariés au projet, car il n'est pas possible de se rendre sur un site où l'on se fait siffler par ses salariés", a prévenu le patron de GMD. "Cette entreprise a vécu trois dépôts de bilan en dix ans, on ne va pas redresser la barre en quelques semaines, mais sous trois ans, nous pouvons en faire quelque chose et lui donner de la visibilité sur l'avenir. Une fois que les comptes seront à flot, si le marché nous y conduit, nous saurons investir d'autres marchés et diversifier l'activité", a-t-il encore expliqué à l'AFP.

Le Tribunal de Commerce de Poitiers devrait donc, sauf coup de théâtre, avoir à trancher entre une nouvelle prolongation, jusqu'au 31 août, ou une liquidation pure et simple de GM&S, placé en redressement judiciaire depuis décembre, puis en liquidation judiciaire depuis le 30 juin avec période d'observation jusqu'au 21 juillet.

PSA contre-attaque

De son côté, PSA, à qui le gouvernement reproche de ne pas être prêt à investir pour sauver GM&S, a contre-attaqué mardi, en demandant la publication des engagements détaillés des parties prenantes en matière de chiffre d'affaires pour les années à venir.

Lundi, la tension était montée d'un cran entre l'État et PSA, le premier accusant le second de ne pas être prêt à investir pour moderniser le site, comme le réclame GMD qui estime nécessaire un investissement de 15 millions d'euros.

L'État et Renault se sont d'ores et déjà engagés à apporter chacun cinq millions d'euros d'investissement. PSA dément tout désengagement et rappelle s'être engagé à contribuer à hauteur de quatre millions d'euros.

Y.D. avec AFP