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Journée de mobilisation des fonctionnaires: 209.000 à 400.000 manifestants en France

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Des milliers de manifestants ont battu le pavé ce mardi à l'appel de neuf fédération syndicales de la fonction publique, pour une journée de mobilisation inédite en 10 ans.

Les fonctionnaires ont bien battu le pavé ce mardi. Les agents de la fonction publique étaient en effet appelés à débrayer à l'appel de neuf fédérations syndicales de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, CFTC et FA) qui avaient lancé un appel unitaire pour la première fois depuis dix ans.

Au final entre 209.000, selon le ministère de l'Intérieur et 400.000 personnes, selon la CGT, ont défilé.

À Paris, ce sont 26.000 manifestants, selon la préfecture de police (45.000 selon la CGT) qui ont pris part au cortège.

14% de grévistes dans la fonction publique d'État

Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT, a cité un taux de "33%" aux finances publiques (environ 130.000 personnes) avec "des pointes à 50, 55% dans certains centres d'impôt", comme dans certains secteurs du ministère de la Culture ou dans l'Éducation avec 50% des instituteurs en grève, selon le SNUipp, leur premier syndicat.

"Une telle mobilisation ne s'était pas vue depuis 2007. J'espère que le gouvernement entendra le message et fera de nouvelles propositions", a réagi Jean-Marc Canon, interrogé par l'AFP, se disant "très satisfait".

Le Ministère des Comptes publics a fait état de taux de grévistes de 13,95% dans la fonction publique d'État - avec une moyenne de 16,67% dans l'Éducation et 13,65% dans les autres ministères -, 9,5% dans la fonction publique territoriale et 10,4% dans la fonction publique hospitalière, des taux plutôt élevés au regard des mobilisations passées.

Macron comme cible des slogans

Les chiffres recueillis auprès des autorités par les bureaux de l'AFP faisaient état d'environ 120.000 manifestants dans une cinquantaine de villes (hors Paris).

"Macron, regarde ta Rolex, c'est l'heure de la révolte" : à Saint-Nazaire, Nice ou ailleurs, le président Macron était souvent la cible du mécontentement dans les cortèges, qui dénonçaient un "ras-le-bol" général, à l'appel de tous les syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, CFTC et FA) une première depuis dix ans.

La France compte 5,4 millions d'agents dans les trois versants de la Fonction publique (État, hospitalière, territoriale).

"La Fonction publique : une richesse pour tou.te.s, pas un coût!" ou "Hôpital en état d'urgence", pouvait-on lire sur les banderoles à Nantes. "La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat", clamait une banderole CGT à Paris, où la manifestation a été émaillée par quelques incidents, avec des agences bancaires prises pour cibles.

"Une série d'attaques"

Parsemé de ballons géants, le cortège parisien, auquel participaient des représentants politiques de gauche (LFI, PS, PCF, NPA), comportait des salariés d'anciens secteurs publics ou d'établissements publics (La Poste, SNCF, RATP) et du secteur privé (PSA, Renault), mais les slogans ou témoignages appelant à une "solidarité" public-privé ou au "retrait des ordonnances Macron" restaient minoritaires.

Suppressions de 120.000 postes d'ici à la fin du quinquennat, gel des rémunérations, rétablissement du jour de carence, remise en cause de leur statut... Les syndicats dénoncent "une série d'attaques" inédite à leur encontre.

Ce rassemblement unitaire "reflète plus qu'un malaise dans les fonctions publiques", a déclaré le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui défilait à Lyon. Les fonctionnaires, "souvent traités de feignants et de profiteurs", ont "besoin de respect", a souligné Philippe Martinez (CGT) à Paris.

Des promesses "non tenues"

Pour Mylène Jacquot (CFDT), l'absence de hausse du pouvoir d'achat, promesse de campagne "pas tenue" par Emmanuel Macron, est "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase".

Interrogé lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le ministre chargé de la Fonction publique, Gérald Darmanin, a salué le travail de ces "héros du quotidien", qui "souhaitent bien sûr être considérés, après des années où il n'y a pas eu d'augmentation du point d'indice". Il a assuré que les "quatre milliards d'euros" actés par le gouvernement précédent pour revaloriser les carrières seraient "maintenus".

"Quand on gagne 1.600 euros nets au bout de 15 ans, ça fout un peu les boules", déplorait Corinne, employée de mairie de 54 ans, à Saint-Nazaire, disant en avoir "assez" que les fonctionnaires, parfois "Bac+5", soient considérés comme des privilégiés.

Fermetures de services publics

Autre motif récurrent de colère, la dégradation des conditions de travail. "On est devenu une usine à soins: on pique, on branche. Les patients sont devenus des objets", regrettait Françoise, infirmière à l'hôpital Saint-Louis à Paris.

La grève s'est traduite par des fermetures de services publics, crèches et établissements scolaires où le service minimum, prévu par la loi, n'était pas toujours assuré. À Marseille, les trois quarts des cantines étaient fermées, ainsi que 80% des crèches, selon la mairie. Dans le ciel, 30% des vols ont été annulés préventivement, en raison de la mobilisation des contrôleurs aériens.

"Si on n'est pas entendus, on se posera la question de la suite. On verra le 16 (date d'un rendez-vous salarial avec Gérald Darmanin, ndlr) si le gouvernement arrive avec de nouvelles propositions", a prévenu Christian Grolier de FO Fonction publique.

J.M.avec AFP