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Emploi

La bonne idée pour convaincre un employeur de donner sa chance à un chômeur sénior

Dix séniors ont retrouvé le chemin de l'emploi grâce à l'association.

Dix séniors ont retrouvé le chemin de l'emploi grâce à l'association. - Goumbik - CC

Les entreprises hésitent souvent à recruter une personne de plus de 45 ans. Pour faire tomber les préjugés, l'association Try me Up propose aux entreprises de tester les compétences de ces demandeurs d'emploi pendant deux mois, sans rien débourser.

Ils sont riches d'expériences et ont de nombreuses compétences à offrir, mais pourtant les entreprises rechignent à les recruter. Les séniors (les plus de 45 ans selon la définition de Pôle emploi) souffrent de plusieurs clichés. "Les entreprises se disent ouvertes aux profils séniors mais dans les faits, elles multiplient les excuses bidons pour les écarter. Elles les trouvent trop chers, trop expérimentés ou bien encore elles craignent de voir naître des conflits intergénérationnels si ces séniors sont encadrés par des plus jeunes", met en avant Amélie Favre Guittet, forte de son expérience de dirigeante de l'agence de recrutement Madircom. Face à ce gâchis, elle a décidé de lancer voici un an une association dédiée aux séniors, Try me Up (Essaye pour voir), sur ses fonds propres. Les collaborateurs de son agence fournissent également bénévolement leur aide.

Try me up se charge d'accompagner les séniors dans leur recherche d'emploi. "Ils viennent de tous les horizons professionnels, et sont diplômés ou pas", précise Amélie Favre Guittet. Ce sont plutôt des "jeunes séniors", les plus nombreux sont dans la tranche 40-47 ans, qui font appel à l'association. 

Sensibiliser les entreprises

Try me up leur donne les clés pour vendre leur savoir-faire lors d'un entretien, leurs apprend à communiquer sur les réseaux sociaux. Pour ceux qui sont hors du circuit de l'emploi depuis longtemps, l'association leur fournit des stages pour qu'ils se réapproprient les codes et les habitudes du monde du travail. L'association n'assure pas toutes les formations. Elle a noué des partenariats avec d'autres structures, comme la Maison de l'emploi, Forces femmes, Pôle emploi, ou encore l'Apec qui peuvent prendre en charge certaines.

L'association mène aussi une action auprès des entreprises. Elle organise des conférences, participe à des tables rondes pour sensibiliser les managers et les RH aux bienfaits d'embaucher des profils séniors. Try me up utilise aussi beaucoup les réseaux sociaux pour faire passer son message, avec des campagnes misant sur l'humour. Elle a ainsi diffusé un calendrier de l'avent qui recensait 24 raisons d'employer un sénior.

Bientôt des antennes à Bordeaux et Lyon

Mais rien n'est plus efficace qu'une incitation financière. Try me up leur propose de tester un de ses protégés pendant deux mois s'il y a la clé une embauche en CDD longue durée ou bien en CDI. Cette période d'essai ne coûte rien à l'entreprise, le salaire de la "jeune" recrue étant pris en charge par Pôle emploi. Le système se révèle efficace. Dix seniors ont pu retrouver le chemin de l'emploi. C'est ainsi qu'une start-up ayant conçu une application mobile a recruté un DAF et un directeur marketing, une autre un responsable commercial.

Une société dans l'audiovisuel a aussi pu trouver le comptable et les commerciaux dont elle avait besoin. Une PME dans l'industrie a trouvé preneur pour son poste de chargé de communication. "On continue de les accompagner. On fait un point sur leur intégration et on les aide s'ils rencontrent des embuches", précise la directrice de Try me up. Quatre autres séniors sont actuellement en période d'essai.

Des résultats qui poussent l'association à intensifier ses efforts. Actuellement basée à Paris, Try me up souhaite ouvrir de nouvelles antennes au cours de l'année. Bordeaux et Lyon seront les premières villes concernées.

Coralie Cathelinais