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La CFDT tire à boulets rouges sur le projet de loi d'El Khomri

Laurent Berger est contre le projet de loi.

Laurent Berger est contre le projet de loi. - Patrick Kovarik - AFP

Laurent Berger, secrétaire générale de l'organisation, estime que ce projet "apporte de mauvaises réponses". Il le trouve même "très déséquilibré".

Le moins qu'on puisse dire c'est que Laurent Berger ne soutient pas le projet de loi El Khomry sur la réforme du code du travail. Le numéro un de la CFDT juge que ce projet apporte de "mauvaises réponses à des revendications patronales" et qualifie certaines de ses dispositions de "scandaleuses". "Cet avant-projet est très déséquilibré entre la flexibilité et la sécurité", critique le secrétaire général de la CFDT dans une interview au Monde.

"Il apporte de mauvaises réponses à des revendications patronales, en faisant la part trop belle à une vision un peu dogmatique de la flexibilité. L'accueil de la CFDT est négatif", ajoute le patron de ce syndicat qui a, jusqu'à présent, a accompagné toutes les réformes entreprises sous le quinquennat Hollande.

Le numéro un de la CFDT se dit en "désaccord ultraprofond" sur le projet de plafonner les indemnités prud'homales lors de licenciements abusifs. Ce plafond variera de 3 à 15 mois de salaire selon l'ancienneté de l'ex-salarié. Jusqu'ici, les juges attribuaient traditionnellement un mois de salaire par année d'ancienneté. "Le niveau des indemnités prud'homales est scandaleux, totalement inacceptable. Les plafonds sont très faibles", s'inquiète Laurent Berger. "Il est hors de question que cela reste en l'état".

"Le gouvernement a cédé à la panique"

Autre objet de critique: les licenciements économiques. Le projet de loi précise plus clairement que l'actuel Code du travail les motifs de licenciement économique, par exemple en cas de baisse du chiffre d'affaires, des commandes ou résultat d'exploitation. "Cela a été rajouté au dernier moment, selon Laurent Berger. Le gouvernement a cédé à la panique et aux idées de libéralisation les plus farfelues du patronat. Cela n'a pas sa place dans ce texte". Pour lui, cet article "favorisera la mise en concurrence entre entreprises et le dumping social en Europe".

"Cette clarification" est "inutile", mais aussi "dangereuse, car elle ne créera pas d'emplois et elle peut en détruire", juge-t-il. "On part du principe que ce qui empêcherait d'embaucher serait la peur de licencier. C'est stupide", poursuit le secrétaire général, qui craint "des licenciements abusifs". Autres "réserves" de la CFDT, la possibilité offerte par le texte de moduler le temps de travail sur une période excédant un an. "Nous avons aussi un désaccord fort sur l'absence de mandatement dans les petites entreprises", ajoute-t-il. Parmi les points positifs, Laurent Berger retient "la place laissée à la négociation collective" mais aussi la "réaffirmation de la durée légale et de la majoration des heures supplémentaires".

Le projet de loi de réforme du droit du travail doit être présenté en conseil des ministres le 9 mars. Il braque déjà une partie de la gauche et des syndicats, alors qu'il est applaudi par le patronat et une partie de la droite.

D. L. avec AFP