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Laurent Berger (CFDT) met en cause la "loyauté" du Medef

Laurent Berger s'en est vivement pris au patronat, qu'il accuse d'être dans la "surenchère permanente".

Laurent Berger s'en est vivement pris au patronat, qu'il accuse d'être dans la "surenchère permanente". - -

Le secrétaire général de la CFDT juge insuffisant l'engagement du patronat dans les négociations sur les contreparties du pacte de responsabilité, ce jeudi 22 mai.

Le dialogue social semble avoir du plomb dans l'aile. Dans une interview accordée jeudi 22 mai à Reuters, Laurent Berger s'en est vivement pris au Medef, à un peu plus de deux mois d'une conférence sociale censée faire le point sur la mise en oeuvre du "pacte de responsabilité".

"Il y a un problème de loyauté du patronat. Il faut qu'il arrête de geindre et d'être dans la surenchère permanente. Il faut qu'il engage des négociations dans les branches", a ainsi déclaré le secrétaire général de la CFDT.

Les banques et les assurances pointées du doigt

Le Medef, la CGPME et l'UPA côté patronal, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC côté syndical, ont conclu le 5 mars un accord sur la mise en oeuvre du pacte proposé par le gouvernement, qui prévoit 30 milliards d'euros de baisse de charges pour les entreprises, dont 20 au titre du crédit d'impôt compétitivité-emploi.

Cet accord, que la CFE-CGC n'a finalement pas signé, prévoit des négociations dans les branches professionnelles, d'ici fin 2014, sur des contreparties en termes d'emploi, de formation et d'amélioration des qualifications.

"Pour l'instant, il y en a trop peu et certaines ont mal démarré, avec une volonté patronale assez faible d'avancer sur des contreparties", déplore Laurent Berger. "C'est le cas dans les banques et les assurances."

Un échec serait "un drame" pour le pays

"Le Medef est en train de faire diversion" et "d'allumer des feux un peu partout" pour ne pas avoir à assumer sa part de responsabilité dans ces négociations, ajoute-t-il.

Il évoque ainsi la remise en cause par le patronat du "compte pénibilité" instauré par la réforme des retraites ou les récentes déclarations de Pierre Gattaz en faveur d'une "modération salariale".

Il se dit prêt à demander "sans état d'âme" au gouvernement de renoncer aux baisses de charges prévues pour 2016 et 2017 si les résultats attendus en matière d'emploi, de formation et de qualifications ne sont pas au rendez-vous l'an prochain.

"Si le patronat rechigne à dialoguer, il y aura échec et il faudra qu'il assume sa part de responsabilité de l'échec et elle sera énorme", ajoute-t-il. "Il est à la croisée des chemins."

Un tel échec serait un "drame" pour le pays, estime Laurent Berger, qui juge l'ambiance générale déjà très dégradée. "Et bien malin qui pourrait dire ce qu'il va se passer. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a un mal-être social important."

Y. D. avec Reuters