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Emploi

Le secteur des travaux publics vit sa pire année depuis 30 ans

15.000 emplois devraient être supprimés en 2015.

15.000 emplois devraient être supprimés en 2015. - Jeff Pachoud - AFP

Ce secteur s'attend à perdre 15.000 emplois cette année. Septembre a été le 17ème mois consécutif de baisse d'activité.

Le secteur des travaux publics est bel et bien sinistré. Il connaît sa "pire année depuis 30 ans" et s'attend à perdre 15.000 emplois en 2015, pris en tenaille entre la baisse des dotations aux collectivités locales et les retards accumulés sur le démarrage de grands projets. "C'est la pire année depuis 30 ans, et il y a eu une accélération extrêmement forte des pertes d'emplois en 2015", a déclaré Bruno Cavagné, président de la FNTP (Fédération nationale des travaux publics) à l'AFP.

Septembre a été le 17e mois consécutif de baisse d'activité pour les entreprises du secteur, dépendantes à 70% d'une commande publique qui se réduit comme peau de chagrin. Depuis 2008, l'activité du secteur s'est réduite d'un quart, causant la perte de 33.000 emplois, dit la fédération, qui confirme s'attendre à une chute de l'activité de 8% en 2015, comme annoncé en mars, après -7% l'année précédente.

Sur les douze mois écoulés à fin juillet, 269 défaillances d'entreprises ont été constatées, soit 66% de plus qu'à la même période, un an plus tôt. Le secteur comptait 7.600 entreprises à fin septembre. Par métiers, "les terrassiers et les canalisateurs souffrent beaucoup, en particulier dans l'est de la France, et cela ne va pas s'arranger en 2016, avec la fin des grands travaux", estime Bruno Cavagné.

"Les infrastructures ne sont plus entretenues"

Dans les travaux publics, où huit entreprises sur dix comptent moins de 50 salariés, "les électriciens et l'industrie ferroviaire ont encore de l'activité", note-t-il, mais ils ne représentent qu'une petite part du secteur. Aussi les collectivités locales verront leurs dotations diminuer de 3,7 milliards d'euros en 2016, comme cette année, après un recul de 1,5 milliard en 2014, ce qui fait de l'investissement local "le parent pauvre des budgets publics".

"Tout le secteur des travaux publics subit un décrochage: les infrastructures ne sont plus entretenues, ce qui aura de lourdes conséquences sur l'activité économique et l'attractivité de notre pays", prédit Bruno Cavagné, qui sera reçu à l'Elysée le 18 novembre. Et du côté des grands projets, seul le plan de relance autoroutier devrait assurer de l'activité au secteur l'an prochain, tandis que les retards s'accumulent pour le projet du Grand Paris ou les futures lignes ferroviaires à grande vitesse, s'inquiète la FNTP.

Quant au budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), il n'est "toujours pas à la hauteur des annonces", estime la fédération. Les recettes estimées l'an prochain pour l'Afitf sont de 1,9 milliard d'euros, inférieures de 600 millions au "besoin de financement annuel minimum" (projets Mobilité 21, réseau routier, ferroviaire, contrats de plan, etc), selon elle.

D. L. avec AFP