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Emploi

Les syndicats hostiles à la loi Travail passent aux opérations coup de poing

"Les actions ponctuelles se multiplient un peu partout en France. De quoi attirer l'attention des médias et de l'opinion publique avec des images choc."

Gares parisiennes, port, marché de gros… Les syndicalistes opposés au projet de loi El Khomri et les cheminots insatisfaits des négociations sur leurs futures conditions de travail usent désormais d’une stratégie à fort potentiel médiatique: les blocages. Parfois partiels et temporaires, parfois en continu.

Ainsi, ce jeudi 9 juin, au petit matin, environ 700 manifestants, militants CGT principalement, ainsi que des étudiants affiliés à l’Unef, ont bloqué partiellement l'entrée principale du marché international de Rungis entre 3h00 et 7h30. "Le but c’est clairement de pouvoir bloquer économiquement le pays, d’avoir une action concrète sur l’économie pour intensifier cette mobilisation", a déclaré au journaliste de BFMTV présent sur place Léa Pierret, présidente de la section locale Unef Nanterre. 

Le départ d'un TGV bloqué à Annecy

Également ce jeudi matin, des militants de la CGT ont bloqué le départ du TGV Annecy-Paris de 5h31, rapporte Le Dauphiné. Les passagers ont découvert la situation au dernier moment. "La gare a été bloquée pendant une heure et demi", jusqu’à 7h00, précise le journal sur son site.

Mercredi, trois gares parisiennes avaient successivement été envahies par des manifestants s’opposant à la loi Travail, dans le cadre d’une manifestation à l’appel de la CGT-Cheminots et de SUD-rail. Ils ont d'abord manifesté le matin à la gare du Nord, puis à la gare de l’Est. La gare de Lyon a aussi été concernée dans l’après-midi.

Le périphérique nantais perturbé

En Loire-Atlantique, des manifestants affiliés à la CGT ont bloqué des voies de chemin de fer à Saint-Nazaire jeudi matin. D'autres ont perturbé le trafic sur le périphérique de Nantes, occasionnant dans le sens intérieur plusieurs kilomètres de bouchons au niveau du grand pont de Cheviré, qui traverse la Loire, selon le Centre d'information routière.

À la SNCF, la grève a été reconduite par les assemblées générales de cheminots en Ile-de-France et dans la plupart des régions. Ce jeudi marque la neuvième journée consécutive de mobilisation. Le trafic ferroviaire va d’ailleurs rester perturbé avec un train sur deux sur les lignes Transilien, RER et Intercités et 6 TER sur 10 ce jeudi. En revanche 80% des TGV devraient rouler.

Barrage filtrant à Brest

Pour demain vendredi, un appel à bloquer la desserte du Stade de France au moment du match d’ouverture France-Roumanie pourrait perturber le trafic sur les lignes D et B du RER. Sur BFMTV, un syndicaliste Sud-Rail a déclaré que 90% des cheminots des RER B et D étaient prêts à se mettre en grève vendredi.

Sur le port de commerce de Brest, des manifestants ont mis en place un barrage filtrant jeudi matin, rapporte sur Twitter une journaliste du Télégramme.

La collecte des déchets bloquée

Du côté du traitement des déchets, deux des principaux sites de traitement de la région parisienne étaient bloqués mercredi à l'appel de la CGT, comme l'incinérateur de Fos-sur-Mer, qui traite les ordures ménagères de Marseille, et deux autres en Ariège. La situation devient critique dans certains arrondissements de Paris.

À Saint-Etienne, la collecte et le traitement des ordures ont été à l'arrêt pendant plusieurs jours. Le travail a désormais repris.

Concernant les carburants, le mouvement se poursuit dans trois des cinq raffineries françaises du groupe Total, mais toutes les stations-service du réseau sont réapprovisionnées. Au Havre, la grève du personnel des terminaux pétroliers, qui perturbe depuis 16 jours l'approvisionnement des raffineries et des aéroports parisiens, continue aussi.

De nouvelles manifestations sont encore programmées à travers le pays, notamment à Rennes, Nantes, et Paris, contre la loi Travail. Le 14 juin, "on table sur un mouvement important. On a déjà du mal à trouver des bus", a affirmé à l'AFP Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. Cette journée pourrait alors être marquée par d’autres blocages.

Adeline Raynal, avec AFP