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Les premiers gagnants et perdants de la contestation anti-El Khomri

Les manifestations du 9 mars ont réuni entre 200.000 et 400.000 personnes.

Les manifestations du 9 mars ont réuni entre 200.000 et 400.000 personnes. - Thomas Samson-AFP

"Après la journée de manifestation de mercredi contre le projet El Khomri, la balle est dans le camp de Manuel Valls qui doit présenter un nouveau projet lundi. À la veille d'un week-end décisif, qui sont les premiers gagnants et perdants de la contestation? "

Cela n’a pas été un raz-de-marée, mais tout de même une belle mobilisation mercredi pour la première journée de manifestation contre la loi El Khomri. La balle est désormais dans le camp de Manuel Valls qui doit présenter lundi prochain la nouvelle mouture de la réforme contenant les concessions faites aux syndicats et aux socialistes. 

À la veille d’une semaine où tout va se jouer, quel premier bilan peut-on faire de ce premier round de contestation?

Macron ironise

Politiquement, il y a un gagnant, c’est Emmanuel Macron. Après l'avoir écarté de la réforme au profit de Myriam El Khomri, l’Elysée et Matignon l’ont remis dans la boucle, contraints et forcés.

Depuis une semaine, le ministre de l’Économie ne manque d’ailleurs pas une occasion de rappeler que sa loi Macron a fait, elle, l’objet d’une vraie concertation avant d’être votée. Et il confie même qu’elle aurait pu être votée sans le 49-3, une idée de Manuel Valls...

Valls peut-il rebondir?

Par contraste, le Premier ministre apparaît bien comme le principal perdant, pour l’instant du moins. C’est sa méthode qui est en cause. C’est quand même lui qui a fait rajouter dans une interview de la ministre du Travail aux Echos que le gouvernement n’hésiterait pas à dégainer à nouveau l’arme du 49-3. Ce qui a mis le feu aux poudres.

Valls peut-il rebondir? C’est tout l’enjeu du week-end durant lequel Hollande et Valls vont peaufiner le nouveau projet de loi. Si Valls persuade Hollande qu’il faut absolument maintenir le plafonnement des indemnités de licenciement, quitte à instaurer un plancher et à augmenter le plafond, il pourra dire qu’il a tenu bon sur l’un des points les plus controversés de la réforme.

Mais si Hollande impose à Valls de faire un geste envers la CFDT en concédant que le plafonnement des indemnités ne sera plus qu’indicatif, ce qui n’est plus exclu, le Premier ministre apparaîtra comme le dindon de la farce.

Les PME mécontentes

Côté entreprises, les PME apparaissent aujourd’hui comme les victimes des futures concessions du gouvernement. La preuve: cette semaine, on a davantage entendu les responsables de la CGPME que le patron du Medef Pierre Gattaz, étonnement silencieux.

Prenez le plafonnement des indemnités de licenciement. Dans la loi Macron censurée par le Conseil constitutionnel, il y avait plusieurs barèmes en fonction de la taille des entreprises. Dans l’actuel projet El Khomri, il n’y en a qu’un, calqué sur celui des PME. Or, en remontant le plafond comme va le faire le gouvernement, les PME vont être automatiquement perdantes puisqu’on va s’aligner sur les indemnités des entreprises importantes.

Les PME ont également plus à perdre d'un compte personnel d'activité (CPA) élargi aux RTT, en plus du compte pénibilité. Les grandes entreprises disposent des moyens humains pour gérer ces nouvelles contraintes, pas forcement les petites. 

Autre concession évoquée depuis mercredi soir par le gouvernement: taxer davantage les CDD pour favoriser les CDI. Ce qui pourrait se faire dans le cadre de la négociation sur l’assurance-chômage.

Or, ce sont beaucoup de PME, du bâtiment ou des services à la personne, qui utilisent le plus les CDD à répétition. Ce sont elles qui ont donc le plus à perdre... Mais aujourd'hui, la question n'est plus tant de faciliter les embauches que de faire voter la réforme. 

P.C