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Les salariées précaires plus exposées que les autres aux agressions

Les femmes sont plus exposées aux carrières précaires que les hommes , et aux risques psychosociaux que leurs collègues à carrière stable.

Les femmes sont plus exposées aux carrières précaires que les hommes , et aux risques psychosociaux que leurs collègues à carrière stable. - Thomas Hawk - Flickr - CC

Une enquête de la Dares parue ce jeudi montre que les femmes aux carrières précaires sont plus susceptibles que les autres de subir des "propositions à caractère sexuel" et des "agressions verbales".

Un peu plus du quart des salariés français, 26,6% exactement, ont des carrières précaires. Et cela les expose "aux risques psychosociaux" davantage que ceux bénéficiant de "carrières stables", selon une étude de la Dares publiée mercredi. Des risques qui pénalisent particulièrement les femmes précaires, note l'institut statistique rattaché au ministère du Travail.

D'abord parce qu'elles sont particulièrement concernées par ces carrières caractérisées par "des périodes de chômage et d'inactivité de longue durée", des parcours "descendants" et "des changements d'emploi assez fréquents". Les femmes représentent ainsi 68% des salariés précaires, pour 32% d'hommes.

Confrontées à des propos obscènes ou dégradants

Or ces femmes aux carrières précaires déplorent "une insécurité socio-économique" et ont plus souvent que les autres salariées le "sentiment d'être exploitées". Elles se plaignent aussi davantage "d'avoir reçu des propositions à caractère sexuel, d'avoir été victimes d'une agression verbale de la part de l'entourage professionnel, de s'être entendu dire des choses obscènes ou dégradantes ou encore d'avoir subi un sabotage au travail".

Les femmes aux carrières dynamiques "connaissent également des rapports sociaux au travail plus problématiques que les femmes aux parcours stables": leurs relations avec leurs collègues sont plus souvent tendues et elles souffrent davantage de moqueries ou de comportements visant "à les ridiculiser", indique la Dares.

Les hommes aux carrières précaires, de leur côté, regrettent "un manque d'autonomie" et subissent "une plus forte pénibilité physique" que les autres salariés ("mouvements douloureux ou fatigants", contact avec des produits dangereux, port de charges lourdes, postures pénibles...).

Plus globalement, "à métier identique, les hommes et les femmes aux carrières précaires déclarent être davantage exposés aux risques psychosociaux que ceux aux carrières stables", à cause notamment de "tensions" avec leur entourage professionnel, indique le service statistique du ministère du Travail.

Plus d'hommes aux carrières stables ou dynamiques

Les salariés aux carrières précaires souffrent davantage que les autres d'"un manque de reconnaissance" au travail, qu'il s'agisse de "gratifications symboliques" (marques de respect et d'estime) ou de leur rémunération. Ils sont également plus souvent "victimes de déclassement professionnel" en exerçant une profession ne correspondant pas bien "à leur formation". En outre, la Dares note que ce type de carrière concerne "plus souvent des personnes peu diplômées et ayant une santé altérée".

À l'autre bout du spectre, 35,4% des salariés connaissent des parcours stables, changeant peu ou pas d'emploi. Parmi eux, 55% d'hommes et 45% de femmes. Ils sont parmi les plus diplômés: 40% ont au moins un niveau bac +2, contre seulement 26% des salariés précaires et 35% de l'ensemble de la population.

Enfin, 38% des salariés mènent des carrières "dynamiques": ils "changent souvent d'emploi pour progresser professionnellement", sont "plus jeunes que la moyenne" des salariés et 36% ont au moins le niveau bac +2. Là encore, les hommes sont plus nombreux que les femmes (58% contre 42%).

N.G. avec AFP