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Les secrets d'une rupture conventionnelle réussie

Dans le cadre d'une rupture conventionnelle, l'entreprise a besoin de comprendre la dynamique dans laquelle le cadre se positionne avant d'accorder quoi que ce soit.

Dans le cadre d'une rupture conventionnelle, l'entreprise a besoin de comprendre la dynamique dans laquelle le cadre se positionne avant d'accorder quoi que ce soit. - Bfmbusiness.com

Se focaliser sur le montant de l'indemnité que votre employeur va vous verser n'est pas la meilleure stratégie. Vous avez tout intérêt à orienter votre négociation sur un budget formation, ou un suivi par un cabinet d'outplacement, qui sont plus intéressants pour la poursuite de votre carrière.

Une page se tourne, vous allez quitter votre entreprise. Comme déjà plus de 2 millions de salariés, vous allez passer par une rupture conventionnelle. Il va donc falloir entamer les négociations avec votre employeur sur les conditions de départ. Et c'est le montant de la prime qui focalise votre attention. Attention, ce n'est pas la meilleure stratégie à suivre pour sortir gagnant d'une rupture conventionnelle. "Cela risque de bloquer la négociation. Les entreprises n'aiment pas beaucoup donner un chèque sans vraiment savoir ce que va en faire le salarié, elles ont l'impression qu'il cherche seulement à se constituer une cagnotte", explique Marie-Pierre Cottier, dirigeante du cabinet Eminence RH, spécialisé dans l'accompagnement des cadres.

L'erreur la plus courante est de se fixer un montant arbitraire pour l'indemnité supra-légale. Or cela ne passera pas auprès des ressources humaines. Il faut pouvoir argumenter sur ce que représente cette somme. Par exemple, en expliquant que vous avez besoin d'un an pour préparer une reconversion, d’où les 12 mois de salaires demandés. Ou que, la quarantaine passée et œuvrant dans un secteur morose, vous estimez qu'il vous faudra 16 mois pour retrouver un emploi. "L'entreprise a besoin de comprendre la dynamique dans laquelle le cadre va se positionner", argumente Marie-Pierre Cottier. Et c'est justement en tenant compte de cette exigence que vous allez obtenir les meilleures conditions de départ.

Négocier une formation

Aussi, plutôt que de demander 5.000 euros sous forme de prime, transformez-les en budget formation. Cela permet de gagner en employabilité, et c'est un argument auquel toute entreprise est sensible. Une formation qualifiante ou diplômante est un atout pour ceux qui sont restés très longtemps dans la même société sans vraiment bénéficier d'un programme de formation. Ou encore pour ceux qui ont des diplômes anciens et ont gravi les échelons en interne. Par exemple, même si vous étiez devenu manager, avec une formation sur le tas, suivre un cursus permettant de formaliser tout cela est une stratégie gagnante. Les cadres qui aspirent à un poste plus ambitieux peuvent également tirer parti de ces formations pour élargir leurs compétences au-delà de leur formation initiale.

Se faire accompagner par un cabinet d'outplacement

Toujours dans la perspective de mettre toutes les chances de son côté pour retrouver un emploi, vous pouvez demander à être suivi par un cabinet d'outplacement. Ces professionnels peuvent vous aider à faire un bilan de votre carrière, vous accompagner dans le choix d'une reconversion… Au vu des durées de plus en plus longues pour retrouver un emploi, obtenir un accompagnement d'un an est un bon deal. Il faut également négocier le niveau de prestation, qui influera sur la somme que devra verser l'employeur.

"Plutôt que de miser sur le tout individuel avec un consultant, il est préférable de choisir une formule avec des ateliers collectifs. Ce qui permet de profiter d'une dynamique de groupe et de faire du réseautage", conseille la dirigeante du cabinet Eminence RH.

Négocier un délai avant son départ

En langage RH, cela s'appelle une dispense d'activité avec maintien de salaire. Autrement dit, il s'agit de négocier une période au cours de laquelle vous pourrez vous livrer pleinement à votre recherche d'emploi tout en faisant toujours partie de l'entreprise. Quel est l'intérêt ? Déjà, d'offrir une sortie en douceur, ce qui peut rassurer les salariés les plus anxieux. Mais cela permet aussi dans ses recherches d'emploi de se présenter sous l'étiquette de son employeur. "Or on sait bien qu'il est toujours plus facile d'être recruté quand on est en poste", argumente Marie-Pierre Cottier.

Coralie Cathelinais