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Pierre Gattaz: "Il ne faudrait pas manger tout le CICE avec des augmentations de salaires"

Pierre Gattaz était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce 14 mai.

Pierre Gattaz était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce 14 mai. - -

Le président du Medef, sur BFMTV ce mercredi 14 mai, est revenu sur le pacte de responsabilité, sur la modération salariale et la polémique sur son salaire.

Pierre Gattaz persiste et signe. Invité de BFM TV ce mercredi 14 mai, le patron du Medef a appelé à transcrire le pacte de responsabilité dans la loi, à modérer les augmentations de salaire fixe et à développer le variable.

> Sur le pacte de responsabilité

"Le Pacte j'y crois, il faut y aller. C'est un mouvement historique du pays vers l'entreprise et l'économie de marché. On peut créer un million d'emplois nets en cinq ans, donc un million de chômeurs de moins. Cela veut dire passer de 11 à 9% de chômage. Ce n'est pas un engagement, c'est un objectif".

Mais pour cela, "il faut traduire les paroles en actes. Les chefs d'entreprises sont des héros, qu'ils soient artisans, patrons de PME, etc. Ils ne demandent qu'à créer de l'emploi et à se développer".

Quant aux contreparties, "trois réunions sont prévues avec les fédérations de branches. Toutes ne pourront pas s'engager", prévient Pierre Gattaz. "J'ai beaucoup de mal à motiver tout le monde avant que le Pacte soit traduit dans la loi".

> Sur la modération salariale

Il faut limiter l'augmentation à 1% "sur le salaire fixe" estime-t-il. "Ils ont déjà trop augmenté depuis quinze ans par rapport à l'inflation et la compétitivité de la France. Les salaires augmentent les coûts fixes des entreprises".

Cela concerne "les salaires fixes". Pierre Gattaz, dont la rémunération global a augmenté de 29% en 2013 grâce à sa part variable appelle à généraliser ce type de rémunération à la performance. Il faut miser sur la "redistribution de richesse créée via des forfaits, des bonus, des stock-options", plaide-t-il.

"J'appelle les partenaires sociaux à ne pas pousser à la roue, il ne faudrait pas manger tout le CICE avec des augmentations de salaires, sinon la compétitivité de la France ne serait pas améliorée. Les augmentations de salaire viendront après".

> Sur Radiall et sa rémunération

Le patron de la PME de composants électroniques rappelle que son fixe n'a augmenté que de 3%, contre 3,3% pour celui de ses salariés. Ce qui a augmenté, c'est son variable, alors que "depuis trois ans, il était à zéro".

Grâce au CICE, Radiall va toucher "entre 800 à 900.000 euros", précise Pierre Gattaz. "L'année dernière nous avons investi 5% de notre chiffre d'affaires en biens d'équipement. Nous avons augmenté de 1 million nos dépenses en R&D", argumente-t-il.

Alors qu'une partie de la production se fait au Mexique, Pierre Gattaz explique que "la mondialisation vertueuse, c'est de faire la R&D, l'excellence opérationnelle, les processus et technologies clé en France, grâce aux parts de marché qu'on a pris chez Boeing ou Ambra Air".

> Sur les emplois non-pourvus

"Il y en 400.000 par an, c'est scandaleux. Ce sont des métiers fabuleux: des décolleteurs, des chaudronniers, des webmasters, des ingénieurs de production, des bouchers, des poissonniers. Nous avons lancé une campagne qui s'appelle 'beau travail'", sur ce thème, explique-t-il.

Une campagne qui coûte 4 millions d'euros, pas financés par le Medef mais par "des fonds pour la formation", reconnaît le président de l'organisation. Le Medef récupère 13 millions d'euros de fonds pour la formation chaque année. "Il n'y a pas d'opacité autour de cet argent", assure-t-il. "Il faut continuer de travailler sur l'optimisation de l'utilisation de ces fonds", préconise-t-il.

N.G.