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"Un chef d'entreprise ne fait pas la grève quand il n'a pas confiance, il attend"

Pierre Gattaz était l'invité de Good Morning Business ce mardi.

Pierre Gattaz était l'invité de Good Morning Business ce mardi. - BFM Business

Le président du Medef a regretté, ce mardi sur BFM Business, le manque de confiance envers les chefs d'entreprise et d'eux envers le système qui les empêcherait d'embaucher et d'exporter.

Invité ce mardi de BFM Business, Pierre Gattaz a, une fois de plus, regretté le "manque de confiance" des chefs d'entreprise. Manque de confiance qui les empêche selon lui d'investir et d'embaucher, quand bien même beaucoup d'indicateurs économiques sont désormais dans le vert.

"Depuis cinq ans, il y a de bonnes choses qui se passent: le pacte de responsabilité, le CICE. Mais par ailleurs, il y a des zig et des zag, comme le dispositif de pénibilité, les allers-retours sur l'apprentissage, les taxes locales qui ont continué d'augmenter", a regretté le président du Medef. "La confiance, c'est fondamental. Un chef d'entreprise ne fait pas la grève quand il n'a pas confiance, il attend", a-t-il déploré.

"Le problème de la poule et de l'oeuf"

Et selon Pierre Gattaz, si les patrons français ne prennent pas de risques, c'est en raison de "quatre problèmes". Le manque de confiance, donc. Et puis "les chefs d'entreprise à qui je dis 'viens avec moi en Chine', me répondent: 'je ne peux pas, je n'ai pas les marges pour exporter'. (...) D'autres, qui ont des marges, répondent 'Non, je ne peux pas embaucher, je ne sais pas licencier'. Et enfin, 'ceux qui ont les marges et pas peur d'embaucher, ils ne trouvent pas: des artisans, des soudeurs, des chaudronniers, des webmasters'".

Les marges ont certes augmenté, de 28 à 32%, reconnaît Pierre Gattaz, "mais les marges allemandes sont à 41%, et la moyenne européenne est à 40%", se défend le représentant des patrons. Et les emplois non pourvus, cela représente au maximum 300.000 postes. "Oui mais c'est frustrant", répond Pierre Gattaz.

Finalement, est-ce que les chefs d'entreprise n'attendent pas trop de l'État? "Non, nous nous bougeons, nous faisons des MOOC, nous accompagnons des délégations à l'étranger, nous formons les jeunes de banlieue à l'entrepreneuriat", se défend-t-il.

L'emploi garantit la sécurité des pays

Et d'ailleurs "la France a tous les atouts pour réussir, j'en suis convaincu, c'est d'ailleurs mon slogan de campagne pour 2013", affirme-t-il encore. Mais "il faut que les candidats à la présidentielle disent que c'est l'entreprise qui nous permettra de recréer de la richesse et de l'emploi".

Le président du Medef, qui ne porte plus son pin's "1 million d'emplois", assure néanmoins toujours se battre pour cet objectif. Parce que "l'emploi, c'est la sécurité. La sécurité pour la personne, et aussi la sécurité pour les pays. Nous, nous nous battons pour la croissance, pour exporter nos entreprises, pour grandir. Mais si nous avons des freins, sociaux et fiscaux principalement, ça ne marchera pas". Cela étant, "on a créé 150.000 emplois l'année dernière, les chefs d'entreprise sont des héros de la nation".

Laisser l'État reprendre la main sur l'assurance chômage

Pierre Gattaz s'est par ailleurs déclaré ouvert à une éventuelle reprise en main temporaire de l'État sur la réforme de l'assurance chômage. Alors que les partenaires sociaux ne sont toujours pas parvenus à s'entendre sur le sujet, le patron du Medef a déclaré: "Si nous ne sommes pas capables en tant que partenaires sociaux, de prendre nos responsabilités pour améliorer ce problème de l'assurance chômage, je ne suis pas contre que quelqu'un reprenne la main".

Début décembre, syndicats et patronat ont renoué le dialogue rompu en juin. Ils se sont donné deux mois pour relancer les négociations. Si elles n'avancent pas, "ce n'est pas ma priorité, ce n'est pas ce que je préfère, mais je dirais qu'à un moment il faut savoir ce qu'on veut. Il faut réformer la France et on n'a pas des années pour réformer la France", a-t-il ajouté. 

N.G.