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Pourquoi les syndicats américains de Nissan s'invitent chez Renault

Le syndicat américain UAW se rend en France pour demander une rencontre officielle avec Carlos Ghosn ou l'un de ses adjoints.

Le syndicat américain UAW se rend en France pour demander une rencontre officielle avec Carlos Ghosn ou l'un de ses adjoints. - Yasuyoshi Chiba-AFP

Une délégation du syndicat américain des salariés de l'automobile veut rencontrer Carlos Ghosn, mardi 28 juin, au siège de Renault à Boulogne. Ils protestent contre la politique qu'ils jugent "anti-syndicale" de Nissan aux États-Unis.

C'est une délégation syndicale inhabituelle qui attendra de pied ferme Carlos Ghosn, mardi 28 juin 2016, au siège de Renault à Boulogne-Billancourt. Alors que le comité de groupe du constructeur français se tiendra le même jour, des représentants de l'UAW (United Auto Workers) principal syndicat américain des salariés de la branche automobile, ont prévu de s'y inviter pour demander à rencontrer celui qui est aussi le patron de Nissan, puisque Carlos Ghosn cumule deux casquettes de PDG.

Selon Le Parisien, la délégation américaine se plaint de la politique de Nissan vis-à-vis des syndicats dans sa principale usine outre-Atlantique, située dans la ville de Canton, dans l'état du Mississipi. Pour le syndicat UAW, la filiale américaine fait obstacle à la création d'une section syndicale sur ce site. Nissan multiplierait les pressions sur les salariés de l'usine de Canton dont au moins 30% doivent se déclarer favorables pour qu'une telle section syndicale voie le jour. Cette situation est jugée d'autant plus anormale par le syndicat que dans une usine Volkswagen de l'état voisin du Tennesse, UAW a réussi à créer une section avec l’aide du puissant syndicat allemand IG Metall.

Les syndicats français soutiennent leur homologue américain

La délégation américaine est soutenue dans sa démarche par plusieurs syndicats français (CFDT, FO, CGT). Déjà, pendant la COP 21 de Paris, alors que Renault-Nissan était l'un des sponsors de la manifestation, la CFDT métallurgie de Renault, en lien avec ses amis de Nissan Roren (syndicat de Nissan au Japon), s'était investie dans la défense des salariés d’UAW (United Auto Workers) du site Nissan de Canton (Mississippi).

La CFDT estimait alors que "la position de Renault au sein de l’Alliance ne pouvait plus être neutre, tant les droits des travailleurs de Nissan aux USA étaient bafoués!" De son côté, la CGT dénonçait, dans cette usine Nissan du Mississipi, "des réunions anti-syndicales pour les nouveaux salariés, des représailles contre les dirigeants du syndicat et des menaces répétées qui laissent entendre que les usines pourraient fermer si les salariés votaient en faveur d’une représentation syndicale par UAW".

Entendu en février 2016 par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Carlos Ghosn s'était défendu: "Nous avons fait vérifier que les règles américaines étaient totalement respectées [...] Il n'y a pas à ma connaissance d'anomalie dans l'usine de Canton."

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco