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À quoi rêvent les jeunes quand ils créent leur entreprise?

Le nombre d'entrepreneurs âgés de moins de 30 ans a triplé en dix ans.

Le nombre d'entrepreneurs âgés de moins de 30 ans a triplé en dix ans. - StartupStockPhotos - CC

Un quart des entreprises créées en 2014 ont à leur tête un patron âgé de moins de 30 ans. La jeune génération entend profiter de sa maîtrise des nouvelles technologies pour revisiter les secteurs d'activité traditionnels.

Alors que s'ouvre ce mercredi le salon des Entrepreneurs de Paris, les jeunes vont être nombreux à arpenter les allées à la recherche d'informations et de soutiens pour monter leur projet. Car les moins de 30 ans se rêvent en entrepreneurs: ils sont 55% à déclarer vouloir créer leur entreprise, selon un sondage Opinionway. Et ils sont nombreux à franchir le pas, puisqu'ils représentent 25% des créateurs d'entreprises, selon l'agence pour la création d'entreprises. En 2014, ils ont ainsi créé 125.000 entreprises, dont 76.000 auto-entreprises. Un chiffre qui a quasiment triplé en 10 ans.

Qu'est-ce qui motive cette jeune génération à se lancer dans l'entrepreneuriat? La peur du chômage naturellement, l'envie de ne pas faire partie d'une entreprise qui leur prend beaucoup sans pour autant leur donner de retour, comme l'ont expérimenté leurs aînés. Mais ils sont aussi poussés par la volonté de montrer qu'ils ont un savoir-faire.

"La jeune génération part du constat que les modèles précédents ne fonctionnent plus, et qu'ils peuvent apporter leur contribution pour aborder différemment le développement durable, penser autrement les transports, les relations intergénérationnelles", explique Bénédicte Sanson, déléguée générale du Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs (Moovjee) et co-auteur de "Jeunes: créez votre entreprise !" (éditions Dunod).

Dépoussiérer les secteurs traditionnels

Cette génération Y a un atout: une parfaite maîtrise des nouvelles technologies. Tous n'ont pas l'ambition d'être aussi innovants que Google et Facebook, beaucoup de projets proposent d'apporter une approche nouvelle sur des secteurs traditionnels. Tels que "Des bras en plus", une entreprise qui a reçu le Grand prix Moovjee en 2013. "Le secteur du déménagement ne fait pas rêver. Pourtant, 3 jeunes diplômés en finance ont réussi à apporter une vision nouvelle en misant sur le concept du déménagement à la carte et low-cost adapté aux besoins des clients" détaille Bénédicte Sanson.

Les entrepreneurs s'attaquent à tous les secteurs, aussi bien le bâtiment, que la finance, la mode, mais également les services aux entreprises… Il y a aussi naturellement des phénomènes de mode. Il y a quelques années, tous voulaient lancer des concepts autour des box. Aujourd'hui, c'est l'univers de la cuisine et de la restauration qui les inspire le plus.

Il faut aussi mettre à bas un cliché: la fibre entrepreneuriale n'est pas le seul fait de diplômés issus d'écoles de commerce. "C'est juste que ces filières offrent plus de visibilité aux jeunes car les écoles de commerce ont un réseau et des pépinières. Mais on trouve aussi des entrepreneurs parmi les bac +2 par exemple", commente Bénédicte Sanson. Certains d'entre eux n'hésitent pas à se construire leur propre parcours pour avoir toutes les compétences pour construire le projet qui leur tient tant à cœur, comme passer par une école de gestion et finir par un CAP pâtisserie par exemple.

Les femmes encore minoritaires

Tous ces entrepreneurs partagent une qualité: ils sont endurants! "Les jeunes ont du temps devant eux pour développer leur modèle, ils n'ont pas besoin de tirer des bénéfices dès la deuxième année, contrairement à leurs aînés dont les charges familiales les poussent à obtenir rapidement un retour sur investissement et abandonner si ce n'est pas le cas", rapporte Bénédicte Sanson. Certains doivent attendre 4 ou 5 ans avant de recevoir la moindre rémunération. En attendant, ils continuent de vivre chez leurs parents pour réduire les frais ou bien enchaînent les petits boulots.

En revanche, la jeune génération ne fait pas mieux que l'ancienne sur un point: les femmes sont toujours en minorité. Elles ne représentent que 20% des dossiers déposés auprès du Moovjee. Elles se montrent aussi moins ambitieuses, puisque que leurs prévisions de chiffres d'affaires sont en moyenne trois fois inférieures à celles avancées par des hommes.

Coralie Cathelinais