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Qui sont les slashers, ces actifs qui cumulent plusieurs emplois?

Les slashers cherchent à s'exprimer à travers plusieurs métiers

Les slashers cherchent à s'exprimer à travers plusieurs métiers - Unsplash - Pexels - CC

Plutôt jeunes, les slashers représenteraient 16% de la population active. Ces pluriactifs ressentent avant tout le besoin de s'exprimer à travers plusieurs professions.

Directeur marketing le jour, cuisinier la nuit; enseignant la semaine, graphiste le week-end; chauffeur VTC le soir, professeur d'anglais le matin… Nombreux sont les Français à cumuler plusieurs jobs. Ces pluriactifs représenteraient 5,2% de la population active, si l'on en croit les chiffres publiés en août dernier par la Dares, la branche statistiques du ministère du Travail.

Mais leur nombre pourrait être bien plus élevé. Une étude menée dans le cadre du salon des micro-entrepreneurs en octobre estime à 16% la proportion des actifs qui cumulent au moins deux postes différents, et bien souvent (77% des cas) dans des secteurs qui n'ont strictement rien à voir. "C'est une véritable tendance", constate Cédric Gérard, le directeur marketing Europe du site de recrutement Monster.fr.

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- © Monster.fr

Un anglicisme a même émergé pour désigner ces personnes exerçant plusieurs métiers: les slashers. Le terme a été popularisé par la sociologue américaine Marci Alboher dans son livre One Person/Multiple Careers. Elle évoquait alors le "/" du clavier pour exprimer l'impossibilité qu'ont certaines personnes à donner une seule réponse à la question "Que faites-vous dans la vie"? (Exemple: je suis ingénieur/cuisinier/jardinier).

Un choix, pour la majorité d'entre eux

Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, les slashers ne sont pas des personnes qui prennent un deuxième (ou troisième) emploi peu rémunéré pour compenser l'ennui que leur occasionne un job alimentaire. "Leur métier de départ n'est pas nécessairement ennuyeux et la plupart d'entre eux ne sont pas déçus par ce premier poste. Mais les slashers ont cette volonté de se développer à travers non pas un mais plusieurs métiers. Il s'agit pour eux d'exprimer plusieurs facettes de leur personnalité", explique Cédric Gérard. On ne s'étonnera dès lors pas que les deux-tiers des slashers aient choisi leur situation (64% d'entre eux) et ne la subissent donc pas. Même si 73% d'entre eux, selon l'étude du salon des micro-entrepreneurs, citent la hausse de leurs revenus comme une motivation les ayant poussés vers ce choix. 

Si les slashers n'ont pas de profil type établi, ils sont plutôt jeunes (25% des moins de 30 ans seraient ainsi des slashers) et indépendants (un tiers d'entre eux).

"Avec la génération Y, il y a une mutation, une nouvelle pratique du marché du travail, avec des temps partiels et des horaires décalés qui ont fait prendre conscience aux jeunes actifs qu'ils pouvaient exercer une autre activité. Par ailleurs, le statut d'autoentrepreneur a également contribué à cette tendance car il a donné un cadre aux 'slashers"', analyse Cédric Gérard.

Si, selon ce dernier, "la tendance va continuer à se développer", le nombre de slashers devrait à terme se stabiliser car tout le monde ne peut ou ne veut pas devenir un pluriactif. "Cela demande une importante organisation et ce n'est pas toujours facile à concilier avec une vie de famille", argue Cédric Gérard.

Julien Marion