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Retraites: la réforme Ayrault ne satisfait que la CFDT

Jean-Marc Ayraut avait annoncé mardi soir les principales mesures contenues dans la réforme des retraites.

Jean-Marc Ayraut avait annoncé mardi soir les principales mesures contenues dans la réforme des retraites. - -

Jean-Marc Ayrault a désormais abattu ses cartes, en annonçant, mardi 27 août ses arbitrages dans la réforme des retraites. Et les choix du gouvernement inquiètent presque autant les syndicats que le patronat.

Jean-Marc Ayrault a désormais levé le voile sur la réforme des retraites en annonçant, mardi 27 août, les arbitrages retenus par l'exécutif, au terme d'une nouvelle série de consultations avec les partenaires sociaux.

Choisissant une hausse des cotisations salariales et patronales plutôt qu'une augmentation de la CSG pour rééquilibrer le système, le gouvernement n'a pas convaincu le patronat qui refuse toute hausse des prélèvements. Mais, à l'exception de la CFDT, les syndicats rejettent ausi les mesures phares de cette réforme. Les manifestations annoncées pour le 10 septembre sont maintenues.

Coté politique, la logique est respectée. Le PS soutient le projet alors que l'UMP estime qu'il "ne règle rien".

Le patronat dénonce la hausse des prélèvements

> Pour Pierre Gattaz, président du Medef, interviewé par le Figaro, la réforme du gouvernement est "une réforme dangereuse qui n'est pas acceptable pour nous". "À vrai dire, c'est même une non-réforme : aucun problème structurel n'est résolu. Le gouvernement ne fait que taxer, taxer",

"Les mesures annoncées [mardi soir] par le Premier ministre sont un renoncement à régler de manière durable la question des retraites par une véritable réforme", déclare par ailleurs dans un communiqué la première organisation patronale."Il est irresponsable aujourd'hui d'augmenter les charges et les contraintes sur les entreprises" alors que "la situation économique de notre pays est grave", ajoute le Medef.

> Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud a affirmé à l'AFP que son organisation "est assez inquiète". "On voit peu de réformes, mais une augmentation des prélèvements et une augmentation des dépenses. Une réforme ce n'est pas ça".

"Ce que je demande c'est que le Premier ministre et le gouvernement s'engagent à une annulation de ces charges supplémentaires" prévues par la réforme et qui vont peser sur les entreprises, "par un transfert" des cotisations patronales finançant la branche famille.

Les syndicats mécontents

> Eric Aubin, membre de la direction de la CGT, a estimé que "la CGT n'a pas été entendue par le gouvernement". "Nous avions fait des propositions de réforme de fond avec des mesures de court terme et de long terme mais le Premier ministre a balayé d'un revers de main les propositions de la CGT"."Plus que jamais la manifestation du 10 septembre", appelée par plusieurs centrales, dont la CGT, contre la réforme, "est nécessaire pour peser sur les choix et faire en sorte que d'autres choix soient faits", a-t-il dit.

> Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, a déclaré sur Europe 1 que l'allongement de la durée de cotisation après 2020 "n'est pas un signe d'espoir pour les jeunes". "Le Premier ministre a pris les chaussons de Monsieur Fillon puisqu'il prolonge ce qu'avait fait Monsieur Fillon en 2003, à une époque où il n'était pas d'accord". "Personne ne peut garantir que cette réforme sera la der des der, ce qui justifie qu'on appelle à mobiliser le 10 septembre".

> Pour Carole Couvert la nouvelle présidente de la CFE-CGC, "le gouvernement doit mieux faire". "Nous attendons beaucoup plus que ces petits effets d'annonce. Ils ne contribuent pas à nous rassurer sur la mise en place d'une réforme à la hauteur des enjeux", écrit-elle dans un communiqué.

> Seul syndicat satisfait: la CFDT. La confédération s'est félicitée dans un communiqué des "mesures de justice" obtenues, citant notamment les métiers pénibles et les jeunes. "La CFDT prend acte des efforts partagés et mesurés qui sont demandés et restera vigilante sur la concrétisation des mesures de justice annoncées", assure-t-elle.

Elle "se félicite" en particulier "de la création d'un compte personnel pénibilité", "une évolution majeure de notre système de retraite", et de la mise en place "de mesures importantes en faveur des jeunes en apprentissage".

L'opposition ne voit pas de réforme

> Eric Woerth, député UMP et ex-ministre en charge de la réforme des retraites sous Nicolas Sarkozy, a jugé sur France Info qu'il "s"agit d'un exercice d'une grande lâcheté politique, ce sont des décisions pitoyables. Il n'y a pas de réforme des retraites, il y a juste une augmentation massive des charges sociales". "Le ras-le-bol fiscal a de beaux jours devant lui", ajoute-t-il.

> Hervé Mariton, député UMP et délégué général du mouvement en charge du projet des retraites à l'UMP fait mine de s'interroger "Une réforme, quelle réforme? Les comptes pour 2020 n'y sont pas, rien n'est réglé à plus long terme, rien n'est fait pour rapprocher les régimes et assurer la justice et les Français vont payer davantage. Le gouvernement achète, sur le dos des Français, un sursis de 3 ou 4 ans mais ne règle rien. Cette réformette n'est ni efficace ni juste ni durable."

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J.M. avec AFP