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Sommet social à Matignon: patronat et syndicats campent sur leurs positions

Pierre Gattaz a affirmé vouloir un projet de loi avant l'été sur le pacte de responsabilité.

Pierre Gattaz a affirmé vouloir un projet de loi avant l'été sur le pacte de responsabilité. - -

A l'issue des entrevues entre les partenaires sociaux et Manuel Valls, ce vendredi 11 mars, les syndicats comme le patronat ont surtout réaffirmé des positions qu'ils avaient déjà prises. Le Medef a ainsi demandé au gouvernement d'accélérer sur le pacte de responsabilité.

Rien de nouveau sous le soleil. Ce vendredi 11 avril, les partenaires sociaux ont été reçus à Matignon par le nouveau Premier ministre Manuel Valls, accompagné notamment par le ministre du Travail, François Rebsamen.

Un thème a été sur toutes les lèvres des participants: le pacte de responsabilité. A l'issue de la journée, Manuel Valls a ainsi assuré qu'il donnerait "une impulsion décisive" à ce pacte en mobilisant les préfets et Pôle emploi, pour que "les Français en voient les bénéfices".

Le nouveau chef du gouvernement a, en ce sens, qualifié cette journée de "fructueuse". Pourtant, les partenaires sociaux ont surtout campé sur leurs positions sur le pacte de responsabilité.

Si le patronat a globalement affiché sa satisfaction, Pierre Gattaz a appelé le gouvernement à aller plus vite et transcrire ainsi ce pacte dans un texte de loi avant l'été prochain. Les syndicats ont, eux, été beaucoup plus hostiles. FO et la CGT ont à nouveau fait part de leur opposition au dispositif, alors que la CFDT s'est, elle, inquiétée des "effets de trappes à bas salaires".

> Le patronat satisfait

Pierre Gattaz, le président du Medef a évoqué "un bon esprit"' avec Manuel Valls. Mais il a surtout insisté, à sa sortie de Matignon, sur la nécessité d'aller plus vite et de "crédibiliser" le pacte de responsabilité qui reste "pour le moment un discours qu'il faut transformer par des actes urgents et des mesures concrètes qui touchent les entreprises". Il ainsi appelé le gouvernement à transcrire dans la loi le pacte de responsabilité "avant l'été".

De fait, Pierre Gattaz s'en est tenu à ce qu'il avait annoncé la veille à Toulouse, où il expliquait déjà qu'il prônerait, devant le Premier ministre, "une accélération" sur le pacte de responsabilité.

Jean-François Roubaud, le président de la CGPME, a affirmé que "la stratégie de l'offre nous convient totalement". Il a néanmoins regretté que la réforme de la fiscalité des entreprises, comme Manuel Valls l'a annoncée lors de son discours de politique générale, soit davantage concentrée sur les grands groupes que les PME.

> Les syndicats mécontents

Thierry Lepaon, le leader de la CGT a une nouvelle fois manifesté ses réticences sur le pacte de responsabilité. "Nous avons précisé au Premier ministre que nous sommes en opposition (avec ce dispositif), tel qu'il a été passé entre le président François Hollande et Pierre Gattaz, patron des patrons, qui vise à donner à nouveau 30 milliards d'euros de cadeau au patronat". Il s'est également dit "opposé au geste qui consiste à donner du pouvoir d'achat aux Français en diminuant les cotisations sociale sur l'impôt".

• Jean-Claude Mailly, son homologue chez FO, lui a fait écho. Ce qui n'a rien d'étonnant, les deux syndicats ayant manifesté main dans la main en mars dernier, pour dénoncer le pacte de responsabilité qu'ils surnomment "pacte de complaisance". Il a annoncé, après son entrevue avec le Premier ministre, que le coup de pouce aux salariés au Smic consisterait en une baisse des cotisations retraites. Une idée qu'il a jugé "un peu stupéfiante", indiquant qu'il aurait préféré une revalorisation du Smic.

 De son côté, le leader de la CFDT, Laurent Berger, s'il soutient le pacte de responsabilité n'en a pas moins manifesté ses inquiétudes concernant les baisses de charges ciblées sur les bas salaires. "Il ne faut pas perpétuer les effets de trappes à bas salaires et s'enfermer dans une économie low cost", a-t-il déclaré, selon Reuters.

Carole Couvert (CFE-CGC) est, elle aussi, mécontente et veut que les baisses de charges ne touchent pas uniquement les bas salaires. "Nous avons rappelé au gouvernement que notre objectif est bien de défendre l'ensemble des classes moyennes", a dit la présidente du syndicat des cadres.

Philippe Louis (CFTC) a estimé que les baisses de charges "sont avant tout des milliers, des centaines des milliers d'emplois à créer". "Nous avons demandé au Premier ministre "de raisonner le patronat" et de les mettre autour de la table "pour devenir concret en nombre d'emplois".

Julien Marion