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Emploi

Un appel lancé pour que les patrons ne gagnent pas plus de 100 Smic

40 personnalités lancent l'appel "des 40 au Cac 40".

40 personnalités lancent l'appel "des 40 au Cac 40". - Picture of money - Flickr

"Quarante personnalités ont lancé un appel au gouvernement, demandant de légiférer sur les salaires des patrons."

Quarante personnalités lancent un appel pour demander au gouvernement de légiférer afin de limiter les salaires des patrons. "Nous demandons au gouvernement de légiférer pour que désormais, en France, un patron ne puisse pas être rémunéré plus de 100 Smic, soit 1,75 million d'euros par an", écrivent les signataires de cet "appel des 40 au CAC 40" dans Libération.

L'initiative intervient après les polémiques sur les salaires de patrons comme ceux de Renault et PSA Carlos Ghosn et Carlos Tavares, et la menace brandie mardi par le président de la République François Hollande de passer par la loi.

Parmi les premiers signataires figurent notamment le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, le président PS de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, la maire de Paris Anne Hidalgo, les députés PS Benoît Hamon et Karine Berger ou encore l'ex-ministre Arnaud Montebourg et la députée écologiste Cécile Duflot.

Les responsables syndicaux Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Carole Couvert (CFE-CGC), Luc Bérille (Unsa), Eric Beynel et Cécile Gondard Lalanne (Solidaires) ont également paraphé l'appel, comme l'économiste Thomas Piketty, le militant écologiste Nicolas Hulot, ou le président de l'Unef William Martinet. Sont aussi signataires les sociologues Dominique Méda et Michel Wieviorka, l'historien Pierre Rosanvallon, la pneumologue Irène Frachon, ou encore l'écrivain et réalisateur Raphaël Glucksman.

"Période inédite dans l'histoire du capitalisme contemporain"

Dans cet appel à l'initiative du quotidien, assorti d'une pétition en ligne, les signataires estiment que l'on vit "une période inédite dans l'histoire du capitalisme contemporain" avec un écart entre le salaire des PDG et le salaire moyen qui a "explosé". Ils soulignent que "le gouvernement a fait en 2013 le pari de l'autorégulation et que celui-ci a échoué", relevant "qu'en 2015, la rémunération totale des patrons du CAC 40 a augmenté entre 5% et 11% selon les évaluations".

Ils notent aussi que "le principal argument patronal pour justifier de telles pratiques - celui d'un marché mondial des très hauts dirigeants qui nécessiterait un alignement des salaires par le haut - n'est corroboré par aucune étude économique sérieuse". Et ils soulignent "qu'en se comportant de la sorte, notre élite économique entretient un sentiment de chacun pour soi délétère". À ceux qui mettraient notamment en avant un risque de censure du Conseil constitutionnel en cas de loi, ils répondent que "le gouvernement peut trouver les moyens" d'éviter cet écueil et mettent en avant le fait que la France sera pionnière en la matière, "un motif de fierté nationale". Quant aux craintes éventuelles des investisseurs étrangers, ils rétorquent qu'ils "profiteront d'un vivier de dirigeants bon marché".

Une demande qui semble être entendue puisque Manuel Valls vient d'annoncer sur RTL: "Nous avons fait le choix dans un premier temps de mettre les entreprises face à leurs responsabilités, en l'occurrence le patronat. Force est de constater que cela n'a pas été respecté. Donc maintenant, il faut légiférer".

D. L. avec AFP