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Vie de bureau

1 Français sur 3 avoue chaparder sur son lieu de travail

Un rouleau de scotch par-ci, un cahier à spirale par-là… Se servir dans le stock de fournitures de son entreprise est une pratique courante. Un chapardage qui peut être enrayé par quelques mesures simples.

Les frais généraux sont un poste de dépense très important pour les entreprises. Les dépenses pour le mobilier, l'équipement informatique, les abonnements télécoms, les articles de papeterie… sont autant d'achats non stratégiques qui peuvent représenter jusqu'à 30% du chiffre d'affaires des entreprises, selon le cabinet de conseil en optimisation des coûts Lowendalmasaï. D'où l'émergence de nombre d'acteurs spécialisés en rationalisation, mais il y a une chose avec laquelle les cost killer s'arrachent les cheveux: c'est le chapardage.

En France, le vol en interne serait une pratique très courante selon le sociologue au CNRS François Bonnet. Un tiers des salariés se livreraient à cette pratique. Un chiffre probablement sous-estimé dans la mesure où il résulte d'auto-déclaration.

Se dédommager des injustices salariales

Quelle est la cible favorite des chapardeurs qui sévissent aux abords des armoires, commodes et bureaux où sont stockés les fournitures Selon le sociologue, c'est le post-it que les salariés préfèrent. Car le petit bloc jaune ou rose se glisse discrètement dans un sac. La ramette de papier arrive juste après.

Qu'est-ce qui motivent les salariés à se servir sans vergogne dans les réserves? Une partie entend compenser le manque de reconnaissance de leur employeur et se dédommager des injustices salariales qu'ils estiment subir.

D'autres agissent par pure économie, pour se constituer un stock à moindre frais. Mais plus forcément pour remplir le cartable de leur enfant à l'occasion de la rentrée scolaire. "Il y avait auparavant un vrai pic de vols entre juillet et septembre c'est beaucoup moins vrai aujourd'hui, le numérique rend les fournitures moins "rentrée compatible", explique un expert du cabinet de conseil Effixens.

Des sanctions pouvant mener au licenciement

Même si chaparder quelques cahiers à spirale ne relève pas du détournement de biens, ces larcins peuvent conduire tout de même à un licenciement. Certes, la plupart du temps, les employeurs ferment les yeux, notamment parce qu'il leur faudrait récolter des preuves tangibles avant de se lancer dans une procédure juridique. Et dédier une personne à la lutte contre la disparition des surligneurs reviendraient plus cher que le prix du stabilo lui-même.

La meilleure solution pour lutter contre le vol des fournitures, c'est donc la prévention. Il faut changer sa politique d'achat, en limitant les stocks et en calculant un seuil minimal pour chaque produit. La disparition d'un rouleau de scotch est plus visible si il y en seulement trois ou quatre qui traînent dans le placard.

Autre mesure efficace pour réduire les vols: nommer un responsable fourniture. C'est à lui que l'on confiera les clés de l'armoire que l'on ne manquera pas d'acheter pour préserver les stocks. Dernière solution: personnaliser l'achat des fournitures en créant un compte personnel.

Attention néanmoins à ne pas être trop sévère sur l'accès aux stylos, c'est un dossier extrêmement sensible dans une entreprise, les salariés pouvant très mal ressentir ces mesures restrictives.

Laure Closier édité par C.C.