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À Londres, Uber filme ses clients pour faire du lobbying

À Londres, les chauffeurs Uber ont filmé la réaction de leurs clients, à qui ils appliquent le délai de 5 minutes que les autorités locales veulent leur imposer avant de débuter une course.

À Londres, les chauffeurs Uber ont filmé la réaction de leurs clients, à qui ils appliquent le délai de 5 minutes que les autorités locales veulent leur imposer avant de débuter une course. - Uber-Agence Creature

Pour brocarder le projet d'imposer à ses chauffeurs à Londres un délai de 5 minutes avant de débuter leurs courses, Uber a filmé la réaction de ses clients. Et la méthode semble efficace.

Uber ne recule devant rien pour faire avancer sa cause, y compris en jouant la carte de l'humour par l'absurde, à l'anglaise. À Londres, l'autorité locale de régulation des transports (Transport for London) veut imposer à ses chauffeurs un délai de 5 minutes entre la prise de commande sur Internet et le début de la course. 

En réaction, le grand rival des taxis a trouvé une idée amusante pour brocarder cette contrainte qu'il juge a priori totalement contre-productive. Il a fait filmer en caméra cachée et en situation réelle, avec la complicité de ses chauffeurs, la réaction de clients à qui est appliqué, par anticipation, ce délai imposé de 5 minutes.

Le leitmotiv de cette vidéo réalisée par l'agence anglaise Creature affiche la couleur: "Qu'est-ce qui se passe quand vous faites attendre Londres?" (What happens when you make London wait?). Et cette démonstration par l'absurde s'avère plutôt efficace.

On y voit les clients, au mieux interloqués, au pire furieux, à qui le chauffeur Uber propose, pour passer le temps, de jouer au morpion, aux échecs ou d'écouter de la musique. Un chauffeur va même jusqu'à imposer à son client de marcher derrière le véhicule jusqu'au prochain carrefour pour passer le délai de 5 minutes. Un autre accueille ses clients en effectuant ostensiblement des gestes au ralenti pour ouvrir la portière, prendre le volant, démarrer le véhicule, etc.

À la fin du film, les chauffeurs se retournent vers leur client pour leur expliquer de vive voix le bien fondé de cette "mise en scène", en critiquant ouvertement la mesure projetant de leur imposer un délai de 5 minutes. Le film invite ensuite à signer une pétition contre ce projet du régulateur. Et la stratégie porte ses fruits: accessible en ligne, la pétition a recueilli un peu plus de 200.000 signatures.

Cette bataille sur le front de la communication a pour contexte la vive guerre commerciale qui oppose les taxis londoniens à Uber, comme à Paris. Le 16 octobre 2015, la justice britannique avait jugé licite l’application mobile d'Uber, qui permet de commander un VTC avec un smartphone.

En France, une mesure analogue visant à imposer, par décret, un délai de 15 minutes entre la réservation en ligne et la prise en charge effective du client, avait été retoquée par le Conseil d'État, il y un an. Le Conseil d’État avait jugé que le gouvernement n’était pas autorisé à rajouter au régime des VTC comme Uber et ses confrères, des conditions nouvelles qui restreignent leur activité.

Frédéric Bergé