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À Lyon,le bus autonome de Navya creuse son sillon

Navya

Navya - La navette sans conducteur de Navya circule dans le quartier lyonnais de Confluence.

Depuis le mois de septembre, les Lyonnais peuvent emprunter cette navette électrique sans conducteur. La start-up qui l’a mise au point emploie une soixantaine de personnes. Elle compte parmi les sociétés pionnières du secteur.

Elle est cubique, parfaitement symétrique et dotée de banquettes disposées face à face. Dans le quartier d’affaires semi-piétonnier de Confluence à Lyon, une navette à l’aspect futuriste commence à transporter du public depuis le mois dernier. Son nom ? Navya Arma. Ce véhicule électrique de 15 places comporte une particularité de taille : il ne nécessite pas de conducteur. C’est en cela qu’il présage de la mobilité de demain. Un avenir dans lequel des véhicules autonomes pourraient sillonner les rues des grandes villes, amenant les uns au bureau, les autres à leur consultation chez le médecin, etc.

Ce futur, Christophe Sapet et Bruno Bonnell y croient. En 2014, ces fondateurs de l’éditeur de jeux vidéo Infogrames changent de domaine et reprennent les rênes de la start-up baptisée Induct, spécialisée dans la conduite autonome. Grâce aux actifs de cette start-up alors âgée d’une dizaine d’année, ils créent une nouvelle entitée, Navya, et se donnent pour objectif d’aboutir rapidement à un premier cycle de commercialisation. Fin septembre, ils ont été rejoints par Valéo, Keolis ainsi qu'un fonds d'investissement quatari qui ont investi tous les trois à hauteur de 30 millions d'euros dans la jeune pousse française.

Un démarrage sur les voiries privées

La circulation d'un véhicule totalement autonome ne peut se faire que sur autorisation du ministère de l’Environnement, au cas par cas ? Alors autant se concentrer d’abord sur les voiries privées. "Cela peut être un parc hôtelier, un aéroport, un parc d’attraction ou un site industriel", énumère Diego Isaac, le responsable marketing de Navya. D’autant que les constructeurs automobiles et de grandes sociétés technologiques au moyen d’investissement colossaux s’affrontent déjà sur le marché des véhicules autonomes destinés aux particuliers.

Début 2015, Navya lève 4,1 millions d’euros. La commercialisation de la navette débute en septembre 2015. Son prix ? À partir de 225.000 euros. Elle roule aujourd’hui à Lyon, via Keolis, mais aussi sur le site de la centrale nucléaire de Civeaux (Vienne) via Transdev, dans la ville suisse de Sion via la société Carpostal et jusqu’en Australie où elle est testée par un club automobile.

Arriver à faire percevoir l’environnement à un contrôle et le programmer afin que l’ordinateur de bord prenne les bonnes décisions pour une circulation en toute sécurité est le challenge d’un tel véhicule. "Le savoir-faire de Navya est constitué de la conception et de la réalisation d’un véhicule, mais surtout de tous les logiciels qui sont à bord, qui permettent d’identifier tous les éléments qui se trouvent autour du véhicule pour savoir s’ils sont fixes ou s’ils se déplacent - si oui à quelle vitesse-, si c’est un piéton susceptible de changer de direction instantanément, etc", expliquait Christophe Sapet le 1er octobre dans l’émission 01 Business Forum sur BFM Business.

Gérer les « imprévus » de la route

La Navya Arma fonctionne donc grâce à moult capteurs. "La navette est dotée de lidars, de caméras stéréovision qui analysent l’environnement (la couleur des feux par exemple), de capteurs inertiels pour capter les évolutions de mouvement du véhicule… Toutes les informations sont envoyées à un ordinateur de bord qui fait la synthèse et prend les décisions", détaille Diego Isaac. Pour l’instant, le circuit fait l’objet d’une programmation. La navette est d’abord guidée manuellement, les ingénieurs du centre de recherche et développement programment une carte interne en fonction des données ainsi recueillies. L’ordinateur de bord de la navette dispose dès lors d’une cartographie déjà établie de son parcours et gère ensuite seulement les « imprévus » c’est-à-dire les feux de signalisation, les mouvements de d’autres usagers sur la voie, etc.

Il existe encore peu d’entreprises capables de faire rouler des navettes sans conducteur. La Navya Arma a tout de même des concurrentes : le véhicule de la start-up américaine nuTonomy, testé à Singapour depuis fin août et celui de la start-up toulousaine Easymile, dont la RATP vient d’acheter quatre exemplaires.

Adeline Raynal