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Abertis: ses pylônes télécoms vont financer ses autoroutes

Les opérateurs mobiles font de plus en plus le choix de sous-traiter le parc de pylônes en zone rurale à des exploitants spécialisés comme Cellnex, la filiale d'Abertis.

Les opérateurs mobiles font de plus en plus le choix de sous-traiter le parc de pylônes en zone rurale à des exploitants spécialisés comme Cellnex, la filiale d'Abertis. - AFP Jean-Pierre Muller

Le groupe espagnol va céder 55 % de sa filiale Cellnex, propriétaire de pylônes télécoms où siègent les antennes pour réseaux mobiles. De quoi financer ses investissements dans les autoroutes, son métier principal.

Abertis va se concentrer sur son métier, la construction et l'exploitation de concessions d'autoroutes, en cédant son activité télécoms. Le groupe espagnol, gestionnaire des autoroutes françaises Sanef, lance la vente de 55% de Cellnex, adressée aux seuls investisseurs institutionnels. Abertis, qui compte rester l'actionnaire de référence, ne chiffre pas le montant attendu de l'opération.

La valorisation de l'entreprise pourrait atteindre 4 milliards d'euros, à l'issue de cette vente. Le montant récolté devrait servir à financer les investissements d'Albertis dans la construction de nouvelles autoroutes.

Sa filiale Cellnex vit de la propriété et de l'exploitation de 15.000 pylônes télécoms qu'utilisent les opérateurs pour couvrir le territoire de leurs antennes-relais ou les diffuseurs de radio et télévision. Ces points hauts sont surtout présents en dehors des villes, le long des autoroutes notamment, d'où le développement de cette activité au sein d'Abertis.

Ces "tours télécoms" sont de vrais actifs immobiliers

Ces "tours télécoms", qui jalonnent nos campagnes, sont devenues de véritables actifs "immobiliers" que l'essor des réseaux mobiles ont rendus indispensables. Il est de plus en plus courant de louer ces installations, en les mutualisant, entre plusieurs opérateurs. Ceux-ci ont en effet tendance à sous-traiter leur exploitation, voire à céder celles qu'ils possèdent à des spécialistes, au lieu de les exploiter eux-mêmes.

Ce business est ainsi devenu l'apanage d'exploitants spécialisés. En France, le numéro un est TDF, qui vient d'ailleurs de changer d'actionnaires. De nouveaux opérateurs sont nés en rachetant aux opérateurs mobiles leurs pylônes comme FPS Towers qui a acquis, fin 2012, 2.000 d'entre eux auprès de Bouygues Telecom.

Cellnex a acquis les pylônes de l'opérateur italien Wind

Pour sa part, le chiffre d'affaires de Cellnex s'est élevé à 436 millions d'euros en 2014, pour un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 178 millions d'euros. Elle compte 1.200 employés en Espagne et en Italie, à la suite du rachat en mars 2015, pour 693 millions d'euros, de 7.377 antennes-relais en Italie à Wind, troisième opérateur de téléphonie mobile dans ce pays.

"Comme l'a démontré le récent accord avec Wind en Italie, les dynamiques du marché sont très favorables pour un opérateur d'infrastructures indépendantes dans le secteur des télécommunications européennes et Cellnex Telecom est très bien placé pour les capitaliser", affirme Francisco Reynés, vice-président d'Abertis. Les banques Morgan Stanley, Goldman Sachs et CaixaBank sont chargées de coordonner le placement des actions de Cellnex.

Frédéric Bergé