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Achats dans les entreprises: difficile d'être "durable" et "Made in France"

La priorité en 2015 pour 77 % des directeurs d'achats sera la réduction des coûts selon l'étude du cabinet  AgileBuyer avec le groupement achats et supply chain de HEC. Ils sont moins regardants sur la RSE et le "Made in France".

La priorité en 2015 pour 77 % des directeurs d'achats sera la réduction des coûts selon l'étude du cabinet AgileBuyer avec le groupement achats et supply chain de HEC. Ils sont moins regardants sur la RSE et le "Made in France". - DR

Dans un contexte économique complexe, la fonction "achats" est devenue primordiale pour les entreprises. Quand il faut réduire les coûts, il est parfois compliqué d'être patriote et de pratiquer une stratégie "développement durable", c'est ce qui ressort le baromètre du cabinet de conseil en achats AgileBuyer publié ce lundi.

77 % des professionnels des Achats interrogés affirment que leur objectif premier pour l’année 2015 sera la réduction des coûts. La moitié va même réduire le nombre de ses fournisseurs selon le 5ème baromètre d'AgileBuyer avec le groupement achats et supply chain de HEC. Ce sont les entreprises les plus touchées par la crise qui sont concernées: la métallurgie, le textile, l'imprimerie, les médias ou encore les télécommunications. Cette évolution est la conséquence logique de l’arrivée en France d’un quatrième opérateur Free qui a fortement transformé le marché de la téléphonie mobile.

A l’inverse, les secteurs de l’Énergie, Eau et de la Gestion des déchets privilégient un peu moins la réduction des coûts. Ces secteurs ont de nombreux donneurs d’ordres publics et parapublics: "Acheter mieux" et "acheter moins" prend le pas sur "acheter moins cher". Ces marchés comme d'autres nécessitent des engagements de plus en plus stricts en matière de développement durable.

Poussés par les consommateurs

C'est sûrement pour cette raison que 45% des sondés affirment avoir des objectifs liés au développement durable ou RSE, Responsabilité sociétale des entreprises. Mais ce chiffre chute de 9 points. Face aux choix économiques, les professionnels n'ont pas beaucoup d'alternative. Selon l'étude, "il y a toujours une certaine difficulté à démontrer que les achats 'green' peuvent également être générateur d’économies. Or, en période de crise, on l’a vu: la priorité numéro 1 des acheteurs reste de réaliser des réductions de coûts". C'est le secteur des Transports et de la Logistique qui s'engage en priorité sur ces questions, suivi l’hôtellerie/Restauration ainsi que la Banque-Assurance. Leur clientèle est souvent très regardante sur ces sujets.

L'agroalimentaire davantage "Made in France"

Signe encourageant, les acheteurs se détournent depuis 2013 des pays que l'on peut qualifier d'"ateliers du monde" comme la Chine, le Bangladesh ou l'Inde. Cette tendance se confirme pour l'année à venir. Ils sont 58 % à déclarer que les achats dans les pays à bas coûts ne représentent pas un axe de travail.

Mais ce n'est pas pour autant que les directeurs d'achat enfilent une marinière. Seules 14% des entreprises déclarent avoir des objectifs "Made in France", 6 points de moins qu’en 2013. Plus d’un quart des professionnels en Mécanique, Électronique et Textile renoncent aux achats en France en raison de prix non compétitifs.

Dans le même temps certains estiment les avantages nombreux en termes de qualité, de normes et de flexibilité. Mais, ironie du sort, ils ne trouvent pas les produits voulus en France. Une bonne nouvelle; le secteur de l'agroalimentaire s'améliore sur le sujet. Les objectifs sont passés de 4% à 14% en un an. Là encore ce sont les consommateurs qui ont changé la donne.

Nathalie Croisé