Affrontement de géants dans les crèmes glacées
Nestlé veut devenir un acteur majeur des crèmes glacées, marché sur lequel Unilever mène le bal. Il est entré en négociations avancées avec le groupe anglais R&R en vue de créer une co-entreprise. R&R appartient depuis 2013 à la société d'investissement française, PAI Parners.
Peu connu en tant que tel, ce groupe est le numéro un européen de la fabrication de glaces pour le compte de marques tierces : celles de distributeurs ou celles de géant de l'agroalimentaire: Pulco, Toblerone, Oasis Sorbet, Oreo et Milka. Il emploie 3.500 personnes en Europe avec une dizaine d'usines dont trois en France.
C'est dans ce contexte industriel que Nestlé et R&R ont coopéré durant les quatorze dernières années, notamment au Royaume-Uni et en Irlande, et plus récemment en Australie et en Afrique du Sud.
Unilever règne sur le monde avec des marques fortes
Le géant suisse de l'agro-alimentaire apportera à la future entité ses activités de crèmes glacées en Europe, en Egypte, aux Philippines, au Brésil et en Argentine. Le groupe suisse devrait aussi apporter ses activités surgelées en Europe, à l'exception des pizzas. De son côté, R&R apporterait l'ensemble de ses activités à la joint-venture.
En France, le groupe anglais avait défrayé la chronique à la suite de la fermeture de l'usine Pilpa de Carcassonne, finalement reprise par ses salariés sous la marque La Belle Aude.
Avec cette association industrielle, Nestlé entend se renforcer sur un marché où il a toujours été à la traîne, en dépit de ses marques renommées (La Laitière, Extrême pour les cônes) derrière le numéro un mondial du secteur, le puissant conglomérat anglo-néerlandais Unilever.
Ce dernier règne sur ce marché avec plusieurs marques locales ou mondiales comme Carte d'Or, Viennetta, Magnum et Ben & Jerry's. Il vient même de racheter le glacier italien Grom, pour étendre son portefeuille de marques dans le haut de gamme.
La co-entreprise devra attendre le feu vert de Bruxelles
La future entité commune entre Nestlé et R&R, encore soumise au feu vert des autorités de la concurrence, devrait voir le jour en 2016. Chaque partenaire aurait un nombre égal d'actions dans cette entité, qui sera implanté dans plus de 20 pays, et qui emploiera 10.000 personnes.
Elle devrait être présidée par Luis Cantarell, vive-président exécutif de Nestlé, en charge de l'Europe, du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord.
Ce n'est pas la première fois que le mastodonte suisse recourt à une coentreprise pour se renforcer sur un marché de l'agro-alimentaire.
Son association avec General Mills en 1990, lui avait permis de devenir un acteur qui compte dans les céréales pour le petit-déjeuner grâce à leur co-entreprise Cereal Partners.