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Afrikrea, la plateforme qui surfe sur le boom de l’artisanat africain

D'un côté, le ecommerce dédié à l'artisanat cartonne. De l'autre, la mode africaine séduit bien au-delà de son continent d'origine. Au croisement de ces tendances, le site Afrikrea compte devenir incontournable, et porter haut les couleurs de l'Afrique.

Artisanat + ecommerce = gros carton. Il n'y a qu'à voir le triomphe des leaders mondiaux aLittleMarket et Etsy. Ou le succès d'Amazon Handmade, la filiale "fait-main" du géant du ecommerce, qui vient de débarquer en Europe après un an de tests fructueux aux États-Unis. Des plateformes de vente en ligne d'artisanat qui cartonnent, en particulier en France, le premier marché non-anglophone d'Etsy.

En parallèle, la mode africaine envahit l'Hexagone. Avec comme cheval de Troie, le pagne, ce tissu chatoyant imprimé de motifs via une technique à la cire, qui lui donne son autre nom, le wax. Sorti des échoppes surannées de Château Rouge, le wax a atteint ces derniers mois le top de la hypeness. Merci "Merci", le concept-store parisien qui mettait à l'honneur le folklore africain pour son exposition "So Wax" début 2016. Et merci la marque emblématique "Maison Château Rouge" qui, non contente d'avoir son corner au Bon Marché, squattait la vitrine du grand magasin parisien en septembre.

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- © Afrikrea

L'engouement est tel que le leader de la production de Wax, le néerlandais Vlisco a vu la France (et la Grande-Bretagne) prendre de plus en plus de poids à côté de son indétrônable premier client, le continent africain. Entre 2009 et 2014, son chiffre d'affaires a doublé pour dépasser les 300 millions d'euros.

Au croisement de ces deux tendances, on trouve un petit nouveau du ecommerce qui entend bien gratter sa part de marché face aux déjà bien installés Afrimarket et Africa Internet Group. C'est Afrikrea, une plateforme de vente en ligne créée en 2013 par deux amis d'enfance, l'un ancien auditeur chez PwC, l'autre ex-ingénieur planification chez Renault.

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- © Afrikrea

Au départ, ils montent le site pour aider la mère d'un ami à commercialiser ses bijoux fantaisies. Puis la plateforme s'ouvre à tous: fabricants de bijoux, d'accessoires de mode, de vêtements, d'objets de décoration. Tous, dès lors qu'ils portent haut le "made of Africa", selon la formule employée par Moulaye Taboure, l'un des cofondateurs. Comprendre: qu'ils fabriquent des produits non pas EN Afrique, mais faits D'Afrique, imprégnés du style africain, "que ce soit dans la composition ou dans le message du produit", souligne Moulaye Taboure.

Le succès est tellement fulgurant qu'en 2015, Moulaye et Kadry, son acolyte, quittent leurs jobs pour se consacrer à plein temps à leur bébé. Aujourd'hui, le site revendique une croissance exponentielle, de près de 40% d'un mois sur l'autre. Une croissance bien française, parce que si la plateforme est présente dans 20 pays, c'est bien dans l'Hexagone que produisent 80% des créateurs et que sont achetés 60 à 70% de la production.

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- © Afrikrea

Actuellement, ils atteignent 20.000 euros de ventes mensuelles, pour 400 transactions. Alors certes, peu de vendeurs parviennent à vivre de leur production. Mais sur Afrikrea, à la différence d'Etsy, ils n'ont rien à payer pour créer leur espace: le site ne se rémunère que sur les ventes effectives, en prélevant une commission de 9%. Ce qui lui permet de gagner suffisamment pour embaucher: dernièrement un directeur technique qui a revu toute l'interface du site.

Un succès qui s'appuie sur la communauté Afrikrea, martèle Moulaye. Une communauté à 98% féminine, qui commente, interpelle, note les vendeurs et augmente ainsi le capital confiance des autres acheteurs. Une communauté que l'équipe d'Afrikrea bichonne. Le 23 septembre dernier, la jeune entreprise qui s'apprête à lancer une levée de fonds conviait à un cocktail dinatoire tous ceux qui interagissent sur son site. Pour fédérer encore davantage autour de l'ambition martelée par Moulaye ce soir-là: "porter et créer des produits africains pour véhiculer partout une belle image de l'Afrique".

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco