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Face à la crise du logement, le secteur du bâtiment a menacé de supprimer 35 000 postes

Les mises en chantier ont chuté entre mai et juillet 2012

Les mises en chantier ont chuté entre mai et juillet 2012 - -

Chute du nombre de mises en chantier, ventes de logements neufs en berne... Malgré les pistes apportées par le gouvernement et les promoteurs, le secteur risque de tailler dans ses effectifs.

Le secteur de la construction se porte mal en France. Et la Fédération française du bâtiment nous a rappelé aujourd'hui les conséquences que cette crise pourrait avoir sur l'emploi... réitérant la menace, proférée en juillet, de voir 35 000 postes supprimés.

Les mises en chantier ressortent à 115 732 entre mai et juillet 2012, soit une baisse de 12% par rapport à la même période l’année dernière, selon les chiffres du ministère du Logement. Sur l’ensemble de l’année, le nombre total devrait atteindre seulement 315 000, voire 310 000, loin de l’objectif des 500 000 fixé par le gouvernement.

Phénomène aggravant: le pourcentage des mises en chantier par rapport aux permis de construire est tombé d'une moyenne de 80% à 70% pour les sept premiers mois de 2012.

Autre mauvaise nouvelle pour le secteur, les ventes de logements neufs ont chuté de 13,9% au deuxième trimestre 2012, à 20 700.

Plusieurs raisons à cette crise du logement

Les raisons sont multiples selon Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris-Ouest, interrogé par l’AFP : "renonciations de ménages qui ont des difficultés à obtenir des prêts à taux zéro (PTZ), abandons de programmes par les promoteurs en raison d'un taux de commercialisation insuffisant et recours de riverains de plus en plus fréquents contre les permis de construire ".

Par ailleurs, les promoteurs, qui ont pu pendant plusieurs années bénéficier du dispositif "Scellier" pour les investisseurs achetant des logements neufs, qui s'achève à la fin de l'année, devraient pouvoir seulement vendre 75 000 logements sur l'ensemble de 2012. Soit une baisse d'un quart par rapport à l'an dernier, très loin des années record 2006 (126 300) et 2007 (127 300).

Les promoteurs et le gouvernement proposent des solutions...

Pour tenter de relancer le secteur, les promoteurs vont présenter au gouvernement des propositions à leur congrès annuel, à Deauville (Calvados) les 19 et 20 septembre.

Parmi ces propositions figureront, selon François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, des dispositions pour faire baisser les prix du foncier et les coûts de construction, avec une pause dans l'inflation des normes, et des mesures pour permettre aux investisseurs privés de continuer à investir dans des logements destinés à la location.

De son coté, la ministre du Logement Cécile Duflot avait annoncé au début de l'été "un plan pluriannuel en faveur de la production de logements". Il prévoit notamment le relèvement du plafond du livret A, ce qui devrait permettre la construction de 150 000 logements sociaux ou "très sociaux" par an.

Ce plan comprend également des mesures législatives, qui donneront droit à une forte décote sur le prix des terrains, "allant jusqu'à la gratuité, a indiqué la ministre du Logement, sous réserve du respect de certaines conditions, garanties et contreparties par les collectivités locales".

... qui pourraient rester sans effets

Face à ces nouveaux chiffres déplorables, la menace de suppression de 35 000 postes refait surface. En juillet, Bertrand Sablier, délégué général de la Fédération française du bâtiment (FFB), au cours d'une conférence de presse à Montpellier, avait alerté sur "la situation d'urgence" et le risque de suppression de postes "en non-remplacement, intérim et licenciements".

Bien que sérieuse, cette "menace" est à prendre avec des pincettes. En effet, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a déjà, à de nombreuses reprises en fin d'année dernière, brandi le même spectre.

Par ailleurs, la FFB a intérêt à noircir le tableau si elle souhaite mettre la pression sur le gouvernement afin d'obtenir des dispositifs de défiscalisation intéressants du style Scellier ou Robien.

Diane Lacaze