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Transports

Air France: KLM craint d'être la victime collatérale de la crise

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Aux Pays-Bas, la compagnie KLM assiste, impuissante et inquiète, à la crise sociale et de gouvernance qui affecte le partenaire Air France. Des voix chez KLM et dans les médias néerlandais, se posent la question de l'avenir de l'alliance avec un allié français autant affaibli.

L'aggravation de la crise sociale à Air France, avec le départ annoncé de son PDG, Jean-Marc Janaillac, suscite de vives inquiétudes aux Pays-Bas. "Avec la dernière victoire des syndicats français, l'avenir de la société issue de l'alliance est désormais en jeu. Tant que le personnel d'Air France restera en conflit avec sa direction, la croissance de la branche française sera à la traîne de la prospère KLM", écrit le quotidien néerlandais deVolkskrant, ce week-end.

La plume se fait plus acide pour déplorer les conséquences possibles pour la compagnie aérienne néerlandaise, des déboires d'Air France. "KLM, qui a mis en œuvre les réformes nécessaires, risque d'être entraîné par l'effondrement du grand partenaire français. Ce serait une fin tragique au malheureux mariage de raison qui avait été signé en 2003 pour survivre sur le marché international du transport aérien", souligne le quotidien.

La direction de KLM exprime son pessimisme

La direction de KLM a réagi à la crise sociale sur un ton alarmiste: "c'est très décevant que nos collègues d'Air France se soient prononcés contre les propositions de Jean-Marc Janaillac. Sa démission est une conséquence cuisante personnelle de ce référendum", a déploré Pieter Elbers, directeur général de KLM, dans Les Echos. "De ce fait, aucune issue pour le moment ne va mettre fin à la situation difficile d'Air France" ajoute le dirigeant.

L'inquiétude a aussi gagné Jan-Willem van Dijk, président du comité d'entreprise de KLM. Selon lui, "chaque nouvel épisode est un pas de plus qui vient saper la fusion. La décision n'aura en tout cas que de mauvaises conséquences" a-t-il réagi dans le quotidien néerlandais deVolkskrant, à propos de la démission du PDG français d'Air France-KLM.

Difficile de remettre en cause une alliance de 14 ans

Pour les néerlandais, la pilule est d'autant plus amère que l'on reconnaît les bienfaits qu'a tiré KLM de l'alliance avec Air France. "Nous sommes ensemble depuis 14 ans. Les bureaux à l'étranger ont fusionné les uns avec les autres, de même que toutes sortes de services du personnel. KLM doit aussi beaucoup aux passagers d'Air France", reconnaît le patron du comité d'entreprise de KLM. Autrement dit, une rupture de l'alliance serait irréaliste. 

"En ces temps, le soutien interne et la solidarité sont d'une grande importance", a déclaré Pieter Elbers, le patron de KLM, vendredi 4 mai au soir, après l'annonce de la démission du PDG d'Air France KLM. La direction de la compagnie néerlandaise se voit contrainte d'attendre que le successeur de Jean-Marc Janaillac soit nommé pour débloquer la situation...

Frédéric Bergé