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Airbus en a-t-il vraiment fini avec les retards de livraisons de l'A350?

Airbus vise 50 livraisons d'A350 cette année

Airbus vise 50 livraisons d'A350 cette année - Airbus

L'avionneur a réussi à livrer davantage d'A350 au mois d'août et son PDG Fabrice Brégier reste confiant quant à l'objectif à atteindre pour 2016. Pourtant la suite est loin d'être évidente.

Pour le moment le ciel est au beau fixe. Après avoir effectué un bon salon de Farnborough au début de l'été, Airbus continue d'engranger des commandes. Ce mardi 6 septembre, le groupe a annoncé un accord portant sur 40 avions (10 A320, 20 A321 et 10 A350) avec des compagnies vietnamiennes, un "package" de 6,5 milliards d'euros, au prix catalogue.

Ce même jour, le groupe a publié l'état de son carnet de commandes pour l'année en cours. À fin août, Airbus avait enregistré 438 commandes nettes, c'est-à-dire les commandes brutes diminuées des inévitables annulations. Mais le chiffre le plus regardé reste celui des livraisons, l'avionneur étant payé lorsque l'appareil arrive dans les mains de la compagnie aérienne. Sur ce point Airbus a clairement accéléré la cadence. Les livraisons s'élèvent désormais à 400 depuis de le début de l'année, soit quasiment 60 avions de plus en seulement un mois. De quoi rendre confiant le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier qui, aux Échos, indique n'avoir "aucune inquiétude" à atteindre un chiffre de 650 livraisons pour cette année.

Une bonne performance à relativiser

Reste toutefois l'objectif le plus dur: arriver à livrer cinquante A350, le long-courrier d'Airbus en proie à d'importantes difficultés. Pour le moment, Airbus a livré 21 exemplaires de ce long-courrier. Sur le seul mois d'août, il a remis les clés de six A350 flambant neufs à des compagnies aériennes pressées d'intégrer ces nouveaux avions dans leur flotte. "Si nous maintenons ce rythme et que nous parvenons à l'accroître un peu d'ici à la fin de l'année, nous atteindrons notre objectif de 50 livraisons d'A350 en 2016", se félicite Fabrice Brégier.

Sauf que cette performance reste à relativiser. "C'est une bonne chose que les livraisons aient augmenté. Maintenant, si l'on regarde dans le détail, on constate que sept A350 étaient en phase de vols tests avant livraison ce qui a évidemment facilité les choses", analyse Chloé Lemarié, analyste du secteur aéronautique chez Mainfirst. "Il n'y en a maintenant plus que cinq, il sera donc plus difficile d'en livrer six au mois de septembre", ajoute-t-elle.

Par ailleurs, la bonne performance d'août est aussi due au fait "qu'Airbus a instauré des heures supplémentaires sur la chaîne de production de l'A350", rappelle l'analyste. L'avionneur a en effet imposé en juillet 8 heures de travail en plus aux quelque 1.500 "compagnons" de sa chaîne d'assemblage. "Cela représente des semaines de 42-43 heures avec un samedi sur deux travaillés", explique Olivier Le Penven, délégué du personnel CGT suppléant et "compagnon" de la chaîne de production de l'A350.

Les toilettes qui n'arrivent pas

Pendant combien de semaines cet effort va-t-il être demandé aux salariés du groupe? "Officiellement jusqu'au mois de septembre mais il est question de prolonger ces heures supplémentaires jusqu'en décembre. Or les salariés veulent que cela s'arrêtent", répond Olivier Le Penven.

Par ailleurs, tout ne dépend pas d'Airbus. Le groupe doit faire face aussi aux retards de certains de ses fournisseurs et, surtout de Zodiac, "qui a accusé un retard sur la livraison des toilettes", rappelle Chloé Lemarié. "Ils avaient notamment des problèmes de qualité de production. Concrètement cela veut dire qu'ils étaient obligés de produire plus de 1 pièce pour en livrer 1 à Airbus. La situation s'est améliorée sans pour autant que le problème soit complètement résolu", poursuit-elle.

Cela va faire bientôt deux ans que Zodiac se débat avec ces soucis. En janvier, Fabrice Brégier avait décidé de lever le ton. Assurant que les déboires de son fournisseur avait coûté à Airbus son objectif de 15 livraisons d'A350 en 2015, il avait décidé d'exclure cet équipementier du programme du futur A330 neo. "Il ne s'agit pas de punir Zodiac, mais d'être cohérent. Comment quelqu'un qui est en difficulté, avec des problèmes de retards de livraisons et de qualité, peut-il demander de nouvelles commandes?", affirme-t-il aux Échos.

À voir donc si l'objectif de cinquante A350 livrés sera tenable cette année. "Il reste clairement tendu", considère Chloé Lemarié. "Difficile mais pas impossible", considère pour sa part Olivier Le Plenven. Pour 2017, Airbus vise soixante-dix livraisons d'A350.